Fondé sur les recherches les plus récentes, en particulier sur celles élaborées dans le cadre du séminaire de l'histoire du calcul des probabilités et de la statistique de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris, cet ouvrage s'attache à reconstituer la genèse du savoir probabiliste envisagé dans son historicité.
Du XVIIIe siècle à aujourd'hui, comment l'enseignement professionnel s'est-il construit ? Quelles mutations a-t-il connues ? Sur quels principes, voire sur quelle idéologie s'est-il bâti ? Investies par Bernard Courtebras, ces problématiques portant sur les fondements de cet enseignement permettent de mettre au jour l'une des tensions sur laquelle il repose depuis toujours. A savoir la nécessité de former des ouvriers de plus en plus qualifiés depuis le grand bond industriel et scientifique du XIXe siècle, tout en assurant et maintenant la perpétuation d'un ordre social bourgeois, fondé sur la distinction dominant/dominé...
Quels liens existe-t-il entre un programme scolaire donné et les futurs rôles auxquels cet enseignement prépare ? Ces procédures parviennent-elles à développer l'esprit scientifique ? Cette étude s'attache à comprendre l'élève, par l'appréhension des formes de son rapport au monde et aux autres, ainsi que son engouement ou ses résistances, son aisance ou ses difficultés. Combinée à une connaissance intime du savoir mathématique, l'analyse sociologique permet non seulement d'identifier et de repérer la nature des réquisits nécessaires à cette activité et d'éclairer la logique interne à la discipline, mais également, en mobilisant les apports d'une sociologie dispositionnelle, de rendre compte des conditions susceptibles de freiner, de permettre ou de favoriser l'appropriation du savoir scolaire probabiliste.
L'ouvrage révèle les étapes essentielles de la mise en place de l'enseignement des probabilités en France. L'étude des premiers enseignements (fin 18e siècle) montre que ceux-ci avaient pour but de permettre une utilisation pratique ainsi que la construction des dispositions critiques nécessaires à la constitution d'une société de citoyens scientifiquement éclairés, plus raisonnables dans leurs espérances et dans leurs craintes. L'étude des formes scolaires d'enseignement des probabilités au 20e siècle fait apparaître que celles-ci, ont, sous l'alibi pédagogique, déformé le savoir scientifique en le parcellisant et en l'organisant autour de la répétition d'exercices artificiels et stéréotypés : ces pratiques s'inscrivent dans l'entreprise d'assujettissement inhérente à la transmission scolaire de savoirs, qui organise et justifie la sélection des élèves autour d'activités calculatoires sans autre finalité que la seule effectuation de ces activités.
On a dit de la théorie des probabilités qu'elle est la science du hasard... En débattant le plus sérieusement du monde de ce qu'on désignerait plus tard sous le nom de martingale, Blaise Pascal et Pierre de Fermat en ont élaboré les germes dès le XVIIe siècle. Les jeux de hasard sont ainsi devenus un objet de science. Et c'est bien pourquoi - au même titre que les contrats d'assurances, les rentes viagères, la recherche opérationnelle et les systèmes experts - les mathématiciens s'en sont emparés ! On verra dans cette histoire qu'ils n'ont eu de cesse de mesurer les risques ou de calculer les espérances !