Filtrer
Prix
laurent lavaud
-
Entre discours savants, rappels philosophiques et propositions consensuelles, Laurent Lavaud tente de faire le point sur son statut, d'Aristote à Debray. Manuel clair, convoquant l'essentiel des doctrines, il se présente un peu sous la forme d'un fichier pratique qui proposerait de multiples entrées, balayant le large spectre des interrogations que pose l'image. On peut ainsi le lire soit en suivant le fil de la double argumentation de son auteur, enracinant sa thématique dans l'histoire ; soit en le consultant au gré de ses interrogations, en s'appuyant sur une indexation croisée remarquable, soit encore en compulsant le vade-mecum, qui articule l'ensemble en de courts résumés pertinents. Un livre intelligent, en somme. Le corpus des textes retenus est établi avec assez de précaution pour répondre à la visée pédagogique de l'ouvrage. Il s'agit au fond de tout ce que l'on devrait savoir, juste avant d'entrer dans le débat contemporain. Avec le sentiment toutefois qu'il s'agit de tout ce que l'on sait, en France... C'est justement le reproche que l'on peut adresser à l'auteur : d'ignorer les penseurs et les courants de pensée "étrangers". W.J.T. Mitchell, Martin Jay, Homi Bhabha nous resteront inconnus. Tout comme le mouvement du pictorial turn, si décisif pourtant. Corpus hexagonal, hélas, intéressant mais trop étriqué pour faire date.-- Joël Jégouzo --
-
D'une métaphysique à l'autre ; figures de l'altérité dans la philosophie de Plotin
Laurent Lavaud
- Vrin
- 5 Avril 2008
- 9782711619689
La philosophie de Plotin se situe à la croisée de deux métaphysiques. La première culmine avec l'affirmation de l'identité entre l'être et la pensée : en introduisant les Formes intelligibles dans l'Intellect divin, elle conjugue platonisme et aristotélisme. La seconde inaugure un courant qui marquera durablement l'histoire de la philosophie occidentale, à travers notamment la tradition de la théologie négative. L'ontologie grecque est ainsi menée à son achèvement en même temps qu'elle est débordée par la position d'un au-delà de l'être, l'Un, et ébranlée par l'impensable extinction de l'être que représente la matière. La pensée se trouve aux prises avec deux figures du non-être, qu'il s'agisse de ce non-être par défaut qu'est la matière, ou du non-être par suréminence propre au premier Principe.
Ce livre a donc pour objet de montrer qu'il ne s'agit chez Plotin ni d'une forme supérieure d'onto-théologie, ni de la sortie de la métaphysique à laquelle aspire tout un courant de la réflexion contemporaine, mais bien d'une nouvelle et autre métaphysique, qui réussit à entrelacer infini et totalité. C'est ce noeud et cette tension entre deux métaphysiques, dont chacune engage une figure différente de l'altérité, que font apparaître des analyses patientes et éclairantes des textes des Ennéades.
Cet ouvrage présente donc à la fois une réinterprétation de l'oeuvre de Plotin et une réflexion profonde sur des problèmes qui, de Hegel à Heidegger et de Schelling à Lévinas et Derrida, continuent encore et toujours à inquiéter la pensée. -
Commentaires à la Métaphysique d'Aristote ; livres Petit Alpha et Beta
Alexandre d'aphrodise
- Vrin
- Bibliotheque Des Textes Philosophiques
- 21 Janvier 2021
- 9782711628902
Parmi les commentateurs d'Aristote, Alexandre d'Aphrodise (IIe -IIIe siècles) est, depuis l'Antiquité, tenu pour « l'Exégète par excellence ». Titulaire de la chaire impériale de philosophie péripatéticienne à Athènes, il a rédigé nombre de commentaires aux oeuvres d'Aristote. Son commentaire à la Métaphysique a servi à la fois de modèle et de source à la tradition ultérieure, des Néoplatoniciens grecs à la pensée médiévale byzantine, arabe et latine.Le livre Petit alpha de la Métaphysique lui donne l'occasion de revenir sur le projet général de la « sagesse » ou « philosophie première », qui guide l'ouvrage en son entier. Aux interprètes antérieurs, qui ont douté de l'authenticité et de l'appartenance du livre au traité, Alexandre répond qu'il ne peut être que l'oeuvre d'Aristote. En organisant en un système déterminé les intuitions éparses de Petit Alpha, Alexandre transforme durablement la figure de la métaphysique aristotélicienne.Le livre Beta est, quant à lui, connu comme le livre des « apories », ces difficultés qui se posent à tout métaphysicien. Le livre constitue à ce titre, du point de vue d'Alexandre, le vrai commencement de la Métaphysique. Alexandre voit dans ces apories un moment proprement exploratoire, formant, de ce fait, autant de manières de mettre le métaphysicien en quête de la vérité.La traduction ici présentée est la première donnée en français de l'un des grands Commentaires lemmatiques qui ont fait la réputation d'Alexandre. Elle repose sur un texte grec révisé en profondeur.
-
Relire les Eléments de théologie de Proclus : réceptions, interprétations antiques et modernes
Gwenaëlle Aubry
- Hermann
- Philosophie Hermann
- 15 Décembre 2021
- 9791037008893
Les Éléments de théologie de Proclus constituent un monument philosophique radicalement singulier tant par son architecture propre que par la façon dont la tradition l'a revisité. Ordonnant, sous une forme géométrique, les principes de la métaphysique néoplatonicienne, ils ont à la fois constitué celle-ci en système et opéré comme le principal relais de sa transmission aux pensées byzantine, arabe et occidentale. Ce sont ces effets d'héritage et d'adaptation que les textes ici réunis visent à évaluer. Du Liber de causis à Hegel en passant par Thomas d'Aquin, Dietrich de Freiberg, Giordano Bruno, les Platoniciens de Cambridge et Leibniz, se reconstitue ainsi une « grande chaîne des êtres », réarticulée par la chaîne des raisons, et à chaque fois revivifiée par celle de la transmission.
-
Dieu n'apparaît pas dans le monde. Si l'athée et le mystique partagent un tel constat, ils en donnent des interprétations radicalement divergentes. Pour l'athée, l'absence phénoménale de Dieu est le signe de son inexistence. Pour le mystique, la manifestation de l'inapparaître de Dieu révèle sa transcendance par rapport à tout phénomène mondain. À ses yeux, Dieu est Celui qui, dans le monde, brille par son absence. Ce livre montre en quoi l'ordre de phénoménalité propre au monde est opaque à toute révélation divine, du bonheur qu'éprouve la chair dans la mondanité cosmique, au jeu subtil et mouvant des apparences dans la mondanité sociale. Face à une telle opacité, le métaphysicien constitue un monde intelligible transparent à la puissance de la raison divine. Telle n'est pas la voie empruntée par le mystique. Par l'ascèse du détachement, il suspend aussi bien la puissance de la chair que celle de la raison. Le moi mystique s'éprouve comme une subjectivité traversée : ce n'est plus lui qui voit, mais Dieu qui voit le monde à travers lui. Ainsi la mystique n'opère-t-elle pas la négation du monde, mais sa transfiguration : à travers l'éclat du monde perce la splendeur du créé. Ancien élève de l'École normale supérieure, Laurent Lavaud est agrégé et docteur en philosophie. Il est actuellement maître de conférences à l'université de Paris 1- Panthéon-Sorbonne. Il a notamment publié D'une métaphysique à l'autre : figures de l'altérité dans la philosophie de Plotin (2008).