En l'an de grâce 1432, Bertrandon de la Broquère s'embarque pour ce que l'on nommait alors l'Outre-Mer, l'orient de la Terre sainte. Ce qui ne devait être qu'un pèlerinage à Jérusalem va pourtant se transformer en l'un des plus étonnants voyages qu'un Occidental ait entrepris dans ces régions et, surtout, en l'un des récits de voyages médiévaux les plus lumineux qui ait jamais été écrit.
Ce récit, doté d'une fraîcheur premanente et saturé de péripéties, illustre aussi le regard à la fois émerveillé et anxieux que l'Occident portait sur l'Orient à la fin du Moyen Âge. L'aventure de Bertandon de la Broquère, écuyer tranchant du duc de Bourgogne Philippe le Bon, est un classique des récits de voyage.
La France des XIV? et XV? siècles est marquée par la tragédie : famines, pestes, révoltes populaires, conflits civils et militaires... C'est le siècle de la «Guerre de Cent Ans». La durée du conflit, les souffrances de ceux qui l'ont provoqué ou en ont pâti, interdisent cependant de le résumer à l'apparence des événements dramatiques. Ainsi, ce livre s'attache moins à la narration circonstanciée des malheurs de ces guerres sans fin qu'à les comprendre, afin de restituer l'ordre qui se cache derrière le chaos des apparences. L'«automne du Moyen Âge» est marqué par l'affirmation de l'État monarchique, une construction territoriale unifiée par la soumission à la souveraineté du roi. La conscience d'une identité «nationale», incarnée par Jeanne d'Arc, se forge dans la douleur d'un siècle de fer, alors que Charles VII (1422-1461) n'est plus un prince féodal mais un véritable chef d'État.Boris Bove renverse des idées reçues à propos de la «crise» des XIV? et XV? siècles : il invite à se méfier des chroniqueurs, trop enclins à détecter les signes annonciateurs de l'Apocalypse. Le temps de la guerre de Cent Ans n'est pas celui d'une décadence globale mais une période tourmentée et féconde, comme en témoigne l'éclat des arts, des lettres et de la vie de cour et qui parvient, malgré tout, à renaître et à édifier les fondements d'un monde nouveau.
Deux siècles durant, deux dynasties françaises, les Plantagenêt et les Valois, placées l'une à la tête de l'Angleterre, l'autre sur le trône des fleurs de lys, se sont livré une lutte à mort. Comment les rois de France, qui font figure de besogneux, tandis que leurs flamboyants adversaires récoltaient les lauriers de Crécy, Poitiers et Azincourt, ont-ils in fine remporté la victoire ?
Ce n'est certes pas le seul effet du hasard ou de la Providence. Les Valois ont gagné, parce que, mieux que leurs adversaires, qui ne manquaient pourtant ni de volonté ni d'intelligence, ils ont su concevoir et mettre en oeuvre une stratégie globale, diplomatique et militaire, mais aussi politique, fiscale, sociale et idéologique. C'est ce que démontre avec brio Amable Sablon du Corail à travers le passionnant récit de cette confrontation totale, dont l'objet était tout autant la conquête des coeurs et des âmes que celle de territoires, de villes ou de forteresses.
À la différence de son encombrante rivale, Agnès Sorel, l'épouse de Charles VII, Marie d'Anjou reste dans l'ombre de l'Histoire. Elle n'est pas la seule. La plupart des souveraines des XIVe et XVe siècles sont tombées dans l'oubli, à l'exception d'Isabeau de Bavière et d'Anne de Bretagne, ancrées dans la mémoire de la « nation France », l'une par le rôle politique qu'elle joua, l'autre par son statut mythifié de dernière duchesse de Bretagne. Or, bien avant Catherine ou Marie de Médicis, ces femmes ont joué un rôle essentiel pour la Couronne, non seulement parce qu'elles portaient les destinées de la dynastie, mais encore parce qu'elles incarnaient la majesté royale. Murielle Gaude-Ferragu redonne ici une mémoire à ces reines oubliées et s'interroge sur la véritable nature de leur pouvoir au sein de la cour et du royaume de France.
Fallait-il écrire l'histoire d'une guerre ? Jean Favier montre que ce conflit n'est pas seulement un phénomène en soi mais exprime les mouvements profonds qui animent la société médiévale : par-delà les batailles, où il arrive que le sort d'un royaume se joue en quelques heures, la guerre devient un facteur déterminant des infléchissements de l'histoire dès lors que le noble et le clerc, le bourgeois et le paysan pensent et se comportent en fonction de cette guerre.
La guerre de Cent Ans a été le lot commun des individus comme des groupes humains, celui des féodaux encore pris dans leurs fidélités contractuelles, celui des officiers royaux découvrant le service de l'Etat à mesure qu'ils le conçoivent, celui de maîtres de l'Université que leurs engagements intellectuels mènent à des conflits qui n'étaient point les leurs. En un étonnant contrepoint, Jean Favier fait jouer les thèmes divers qui s'appellent le nationalisme naissant, la réforme de l'Etat ou encore l'unité de l'Eglise.
Les minutes du procès de Jeanne d'Arc qui dura cent jours en 1431, relues, commentées et éclairées par un avocat de renom. Jacques Trémolet de Villers, en voix off, nous révèle une jeune femme, prétendue analphabète, seule à la barre, capable en réalité de déjouer les pièges des hommes d'Église et de loi qui l'accusent. Il nous conduit de façon minutieuse, à partir des actes authentiques (en latin et en français), vérifiés aux meilleures sources et complétés par les dépositions du procès d'annulation, jusqu'à sa plus profonde conviction : et si Jeanne était docteur de l'Église ?
Les orateurs, c'est le nom que se donnaient ceux que nous appelons les humanistes et dont Baxandall étudie la doctrine esthétique, contemporaine de la naissance de la grande peinture florentine du xvie siècle. À dessein de restituer le latin dans sa pureté, ils adoptent une esthétique intégralement marquée par un projet qui porte sur le langage. D'où l'essai d'appliquer aux tableaux des catégories grammaticales ou rhétoriques, comme le prouve la notion de compositio inventée par Alberti, qui permet de traiter un tableau comme une période : une phrase composée de parties ordonnées et hiérarchisées à des fins de beauté oratoire.
Michael Baxandall donne à voir les oeuvres de la Renaissance d'un regard neuf : celui des intellectuels qui en ont forgé l'esthétique.
Tout ce dont l'étudiant a besoin pour le sujet 2023 et 2024 d'Histoire médiévale et moderne du CAPES d'Histoire-Géographie.
Comme tous les Clefs-concours, l'ouvrage est structuré en trois parties :
- Repères : le contexte historique.
- Thèmes : comprendre les enjeux du programme.
- Outils : pour retrouver rapidement une définition, une date, un personnage, une référence.
Cet ouvrage propose des articles sur la question d'histoire moderne au programme l'agrégation externe d'histoire 2023 : Communautés et mobilités en Méditerranée de la fin du XVe siècle au milieu du XVIIIe siècle.
Les lecteurs, étudiants, enseignants et grand public pourront découvrir les contributions des spécialistes du sujet.
L'ouvrage indispensable pour la préparation de l'agrégation mais aussi un ouvrage de référence.
Textes réunis par Joëlle Alazard, Céline Borello, Camille Desenclos, Fabien Salesse.
L'ouvrage offre une présentation claire et précise des structures et de l'histoire de l'ancien Empire germanique à l'époque moderne, une entité au fonctionnement complexe et fondamentalement différent de tous les autres États européens.
Il montre comment une interprétation tout à fait nouvelle du christianisme millénaire, la Réforme luthérienne, a utilisé les structures impériales pour se répandre en quelques décennies, avec une rapidité telle que, vers 1550, une bonne moitié de l'Allemagne était convertie. Il répond également à de multiples questions relatives aux évolutions internes consécutives à cette scission confessionnelle : comment l'ancien Empire a-t-il pu « digérer » une telle secousse, comment ses structures politiques ont-elles assimilé un tel choc, quelles en ont été les conséquences pour l'État central, pour les multiples entités qui composaient l'Empire et pour les populations ? Quelles ont été la part de la religion et celle du politique dans l'alternance de paix et de guerres qu'a connu l'Empire après la Réforme ? Quel rôle ont joué les empereurs de la maison de Habsbourg ?
Enrichi d'annexes consacrées aux territoires internes et à leur évolution pendant la période considérée ainsi que de nombreuses cartes, cet ouvrage de synthèse fondé sur l'exploitation des recherches les plus récentes offre un panorama complet du Saint Empire, de 1495 (Diète de Worms) à 1648 (paix de Westphalie).
De la condamnation de 1431 à la réhabilitation de 1456, les deux procès de Jeanne d'Arc racontent l'hitoire sous la légende. Ils disent les exigences et la prudence des rois, le lourd juridisme des clercs retranchés derrière les règles de la procédure, l'inquiétude d'une Église de l'ordre face aux élans, aux espoirs et aux révoltes de la religiosité populaire. En composant un dossier qui sera classique, Georges et Andrée Duby montrent comment, autour de la voix de Jeanne, raisons et silences dessinent le champ de forces d'un siècle : voici l'envers de notre plus grand mythe national.
Jeanne d'Arc est-elle apparue en son temps comme l'incarnation de la résistance contre l'envahisseur ? A-t-elle été la stratège militaire que la chronique a retenue ? Est-elle morte telle l'image de la sainteté que l'Église a fini par consacrer ? Comment ses contemporains, le roi Charles VII et sa cour qui peinent à la suivre, Henri VI et ses troupes qui la combattent, l'évêque Cauchon qui instruit son procès en hérésie, l'ont-ils perçue ? Comme une folle illuminée, une prophétesse inspirée, une guerrière héroïque ou une figure providentielle ?
Philippe Contamine revient ici sur l'édification de la légende de la Pucelle d'Orléans. Exhumant archives oubliées et documents inédits, il départage la vérité du mythe et inscrit Jeanne dans son temps, entre les chaos et les fracas de la guerre de Cent ans. Il la restitue à l'univers chevaleresque qui anime l'Europe d'alors. Il en fait la clé d'une fresque culturelle sur la période la plus pré-moderne du Moyen Âge.
Un tableau vivant, indispensable pour déchiffrer et comprendre l'imaginaire français. Un antidote aux instrumentalisations.
De l'an mil à 1789, la noblesse fut en France une qualité transmise par le sang, dans le cadre, prépondérant sinon exclusif, du mariage chrétien. Spécifiquement, son histoire visait à s'inscrire sous le signe de la reproduction sociale. De?1300 à?1500, le fort sentiment d'identité de ses membres se trouva encore renforcé par l'intervention des hérauts d'armes. Quoique très minoritaires, les nobles persistèrent alors à jouer un rôle central, malgré les crises auxquelles ils furent confrontés et les contestations dont ils furent l'objet.
Les études ici réunies traitent de ce vaste sujet, l'accent étant mis sur le château, vu de l'intérieur et de l'extérieur, la seigneurie comme source de pouvoir et de revenus et les chevaux «?de nom?». Parmi les activités propres à ce milieu - telle la chasse avec chiens ou oiseaux et plus encore les armes -, les joutes et les tournois, ce sport aristocratique pratiqué dans le cadre de la vie de cour, ne sont pas oubliés.
Certes, juridiquement et idéologiquement, on est en présence d'une société d'ordres, ce qui aurait dû conduire à un immobilisme structurel. Mais la réalité est plus complexe, comme le montre, au sein des «?bonnes villes?», la place des nobles face aux notables. La noblesse?? Une «?élite?» parmi d'autres, qui, de facto sinon de jure, se renouvelait régulièrement. Ici comme ailleurs, la vie l'emportait sur les principes.
À la fin du Moyen Âge, après des siècles d'abandon du lexique maritime antique, les écritures souveraines s'agitent soudain, car les mots d'une nouvelle accusation pénale sublime - le crime de piraterie des Latins - s'infiltrent dans les archives. Peu à peu, le lexique médiéval des « larrons de mer » se retire des rivages, tandis que s'avance le « pirate » : la France réinventait son criminel en mer au seuil de la modernité. Cette mécanique fut avant tout atlantique et royale : une invention, ou découverte, de la piraterie, telle une relique sainte du passé romain qui serait remontée à la surface avant d'être exploitée par les Valois pour ses vertus pénales.
Cette apparition médiévale du pirate français est remarquable en ce qu'elle scrutait désormais l'obéissance des gens de mer, ainsi mis en sujétion par une inflexion terrible de la doctrine pénale. Le royaume de France, devenu une puissance maritime au XV siècle, livrait ici un nouveau récit pénal des navigations, dans lequel pirates et rois se combattaient, pour mieux transformer le statut de ses frontières atlantiques.
Le siècle dit « des Médicis » passe pour un moment d'exception, un modèle d'équilibre politique comme de perfection esthétique. Au xve siècle affluent effectivement à Florence, en ce brillant Quattrocento, artistes, architectes, érudits et philosophes qui en font le phare de la Renaissance italienne. Mais rien n'aurait été possible sans la toile économique patiemment tissée depuis des dizaines d'années par les fondateurs méconnus de la dynastie des Médicis, des banquiers qui, en dépit des graves soubresauts qui agitèrent l'histoire de la ville, montèrent un réseau de succursales qui firent la fortune de la famille. Fort de sa connaissance intime de la période, Jean-Yves Boriaud montre comment les Médicis, appuyés sur cette solide infrastructure, réussirent à s'emparer, sous Cosme (1434-1464) puis Laurent « le Magnifique » (1469-1492), de la réalité du pouvoir politique dans cette « république » aux rouages compliqués et à conforter cette puissance en se constituant une cour de haute culture, à même de célébrer les exceptionnels mérites du clan. Cela avant que le système montre ses limites et qu'en sollicitant à l'excès les ressources de la banque familiale, Laurent et ses successeurs ne le conduisent à l'échec final, la faillite de 1494.
L'ascension, l'apogée et la chute d'une famille mythique, racontée avec brio par l'historien des Borgia.
Les femmes de la Renaissance florentine régnaient-elles sur la ville, comme tant d'images du Quattrocento et d'historiens depuis le XIXe siècle l'ont suggéré ? Cette vision idéalisée est-elle confirmée par la documentation historique touchant aux rapports de genre et à la vie familiale ?
En Toscane, dans la pratique, les femmes ne sont pas encouragées par le droit et la coutume à investir ou à gérer de façon autonome leurs affaires. La tradition confine les femmes dans la sphère domestique. Même les missions qui sont le plus volontiers abandonnées aux mères, l'éducation des tout-petits par exemple, tombent sous le feu de la critique des clercs. Christiane Klapisch-Zuber suit le fil de la vie des Florentines avant, pendant et après leur mariage. En étudiant les représentations mentales et figurées, elle éclaire les multiples facettes de la domination masculine dans une société renaissante où l'écriture et la culture sont largement partagées par les maris, mais encore fort peu par leurs soeurs et leurs épouses. L'historienne nous conduit ainsi, au-delà des témoignages et des images de l'époque qui sont presque toujours produits par des hommes, au plus près de la vie des femmes et de la manière dont elles ont vécu, entre exclusion et intégration.
La guerre de Cent ans est un événement essentiel dans la constitution des royaumes de France et d'Angleterre et a marqué de son empreinte les relations entre les deux pays.
Cette synthèse accessible et facilement utilisable donnera aux étudiants les clés pour décrypter les raisons, le contexte et le déroulement d'un conflit qui dura de 1330 à 1453. L'ouvrage propose un parcours thématique qui envisage la guerre de Cent ans comme un phénomène global : politique, idéologique, militaire, sociétal..., vu aussi bien du côté français qu'anglais.
S'appuyant sur de nombreuses sources - officielles, littéraires, iconographiques -, un appareil cartographique et des études de cas de textes et d'images, ce volume permettra à l'étudiant de construire un exposé, élaborer une dissertation ou rédiger un commentaire de document sur le sujet.
La Renaissance est accusée de nourrir le roman de la supériorité européenne, technique, culturelle et économique. Elle est également à l'origine des figures contestées de l'État et d'une première mondialisation, forcément brutale et malheureuse.
Quant à l'humanisme, il a légué l'élitisme scolaire et un spécisme en faveur de l'homme au détriment de l'animal. Bref, la période illustre toutes les dérives de l'esprit moderne, individualiste et narcissique, dont le transhumanisme serait le dernier avatar.
Ce livre expose le bien fondé de certaines critiques, mais aussi les fantasmes qu'elles mobilisent. Il revient notamment sur la genèse du terme, la Renaissance s'opposant au « Moyen Âge » inventé au XVIe siècle par des hommes qui voulaient faire renaître l'Antiquité, ainsi que sur le Quattrocento italien, son véritable modèle, et sur les Réformes religieuses qui ont marqué la naissance de la modernité. Tenant compte des critiques, de l'historiographie ancienne et la plus récente, l'ouvrage propose de fixer les principaux traits de la Renaissance que l'on peut retenir aujourd'hui. Non, la Renaissance n'est pas morte.
L'expérience et la culture de la guerre au Moyen Âge étudiées à partir de récits biographiques de la noblesse castillane.
À partir des chroniques nobiliaires d'époque trastamare, cette étude cherche à établir comment la guerre était vécue et racontée en Castille au XVe siècle. Les deux premiers chapitres portent sur les conditions de production de ces textes, et abordent les problèmes posés par la mise en récit de l'expérience vécue. Les trois suivants montrent que la culture de guerre est alors largement partagée au sein de la noblesse, sans considération de genre ni de statut : femmes et clercs n'en sont pas exclus. En revanche, le discours sur la guerre construit une forme d'exclusivité nobiliaire qui se manifeste dans le traitement narratif réservé aux combattants roturiers. Le dernier chapitre aborde enfin le combat dans une perspective anthropologique, en s'attachant au corps et aux émotions du guerrier.
La guerre de Cent ans a-t-elle existé ? On le suppose, puisque les livres d'histoire, qui caractérisent ainsi le conflit entre France et Angleterre entre 1337 et 1453, l'affirment depuis le XIXe siècle. La guerre de Cent Ans n'a pourtant pas de fin officielle, puisqu'il n'y a jamais eu de traité de paix, et certains ont voulu faire remonter l'inimitié entre les Capétiens et les Plantagenêt au XIIe siècle. Face à cette alternative, le présent livre voudrait présenter la guerre de Cent ans comme la manifestation spectaculaire, entre la fin du XIIIe siècle et le milieu du XVe siècle, du passage à un nouvel politique. Les progrès de la souveraineté et de l'Etat royal ont en effet rendu caduque le partage féodal de la souveraineté entre seigneur et vassaux, poussant à la révolte le plus puissant d'entre eux, le duc de Guyenne qui était aussi roi d'Angleterre.
Le 4 avril 1460, depuis Sienne, le pape Pie II institue l'université de Nantes ; un an plus tard, le duc de Bretagne, François II, délivre sa charte de fondation. Cinq facultés la composent dont le pouvoir princier attend qu'elles concourent à promouvoir son autorité souveraine à partir d'une ville érigée en capitale. Projet ducal aux origines anciennes, l'université de Nantes, cependant, rayonne peu en raison de l'effacement de l'État breton. Sa disparition est actée au XVIIIe siècle, mais une renaissance s'opère en 1961, à la faveur du cinquième centenaire de l'institution dont, depuis le 1er janvier 2022, Nantes Université est l'héritière.
Qui sait qu'au XVe siècle une communauté juive vivait tolérée sur les terres provençales d'un souverain oublié, le roi René ? Comment s'organisait cette coexistence religieuse ? À quoi ressemblait le quotidien de ces habitants d'alors ? Quel a été leur destin ? Comment ont-ils survécu à la fin de cet âge d'or ?
Danièle Iancu-Agou retrace cette épopée à travers celle d'un des plus singuliers couples de l'époque : Régine et Bonet de Lattes. À la mort du roi René, la Provence est aspirée par le royaume de France et les juifs n'ont d'autres choix que l'exil - Bonet est déjà parti pour l'Italie où il allait devenir astronome de la cour du pape -, ou la conversion pour laquelle Régine avait optée depuis longtemps.
Fondé sur des archives inédites, cet ouvrage révèle non seulement un formidable destin, mais encore un pan ignoré de la fin du Moyen Âge. C'est aussi la fresque d'un monde jusqu'ici inconnu, un monde d'avant les expulsions, un monde où les juifs ont vécu relativement libres, un monde qui n'a duré qu'un temps dans une Europe intolérante.
Le 9 février 1450, meurt à Jumièges Agnès Sorel, Dame de Beauté, première maîtresse officielle d'un roi de France, Charles VII. Ainsi s'achève l'une des plus belles histoires du Moyen-Âge.
Sa fin est à l'opposé de la vie qu'elle a menée auprès du roi : une vie faite d'influence très bénéfique au souverain qu'elle aide à tout instant dans sa reconquête du royaume. Sous son impulsion, la France se réveille et retrouve un lustre perdu pendant la guerre de Cent ans.
Le pays des lys reconstitué va désormais pouvoir s'engager avec succès dans une nouvelle ère, celle de la Renaissance, qui en fera l'un des modèles du monde. Chateaubriand ne s'y trompait pas en écrivant que « de toutes les maîtresses royales, Agnès Sorel a été la seule à être utile à la France et à son roi. » Elle va pourtant mourir soudainement à l'âge d'environ 25-27 ans. En 2004, une étude scientifique de ses restes apporte enfin la preuve formelle de son assassinat et permet d'identifier le moyen utilisé.
La rencontre entre cette jeune femme inconnue et son royal amant donne naissance à une descendance inouïe : presque toutes les familles royales, impériales d'Europe, voire au-delà, ainsi que deux familles présidentielles et plusieurs dizaines de milliers d'anonymes ont en partage ce précieux héritage qui en fait la plus belle et la plus attachante « Grand-mère » de l'Europe.