«Ils subissent un éloignement géographique, social, politique et culturel.Ils sont la majorité.Ils sont à l'origine de toutes les contestations actuelles, qui ne ressemblent à aucun des mouvements sociaux des siècles passés.Ils sont les dépossédés.»Dans ce nouvel essai, Christophe Guilluy montre comment les classes populaires répondent magistralement à leur disparition programmée, en imposant une alternative à un modèle condamné.
Les vies pauvres ne sont pas de pauvres vies : il y a urgence à considérer l'histoire des vies pauvres comme riche de sens politique et philosophique à l'heure du primat économique.
"Avez-vous déjà entendu parler du nain de cour ? Oui, sûrement. Des mégotiers et des voleurs de cadavres ? Un peu moins. Que dire alors du punkawallah, serviteur indien chargé d'agiter les éventails, ou de l'ermite de jardin, payé pour se laisser pousser la barbe et orner une grotte au fond d'un parc anglais ? Ces professions disparues ont un point commun : ce sont des « sales boulots », périlleux, sinistres, ardus, grotesques ou avilissants.
Ce dictionnaire, le premier du genre, en dresse l'inventaire avec humour, de l'Antiquité jusqu'au XXe siècle. On y rencontrera, à travers l'épais smog industriel, les chiffonniers chargeant dans leurs sacs de toile les ordures londoniennes. On y frappera, tôt le matin, des coups répétés aux portes des travailleurs en compagnie des knocker-ups (réveilleurs), on y baignera dans les poussières radioactives aux côtés des ouvrières de l'US Radium Corporation. On y entendra, enfin, les lamentations factices des pleureuses à gages accompagnant les cortèges funéraires, et les propos irrévérencieux des bouffons dans les cours européennes...
À l'heure où l'on débat des métiers essentiels, de la pénibilité et de la précarité du travail, Nicolas Méra nous rappelle que les emplois méprisés et mal rémunérés ont une bien longue histoire." Nicolas Méra est l'auteur de Content de vous voir ! (Éditions de l'Opportun, 2020) et Les hasards qui ont fait l'histoire (Jourdan, 2020).
Désormais, deux France s'ignorent et se font face : la France des métropoles, brillante vitrine de la mondialisation heureuse, où cohabitent cadres et immigrés, et la France périphérique des petites et moyennes villes, des zones rurales éloignées des bassins d'emplois les plus dynamiques. De cette dernière, qui concentre 60 % de la population française, personne ne parle jamais. Laissée pour compte, volontiers méprisée, cette France-là est désormais associée à la précarité sociale et au vote Front national.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi a-t-on sacrifié les classes populaires sur l'autel d'une mondialisation volontiers communautariste et inégalitaire, aux antipodes des valeurs dont se réclame la classe politique ? Comment cette France populaire peut-elle changer la donne, et regagner la place qui est la sienne, la première ? Dans cet essai polémique et percutant, Christophe Guilluy dresse un diagnostic sans complaisance de notre pays, et esquisse les contours d'une contre-société à venir...
Les questionnements que posent aujourd'hui les « sans domicile fixe » n'ont jamais été aussi saillants, et symbolisent de façon aiguë la fracture sociale. Quel est leur nombre, leur profil socio-économique, leur trajectoire biographique, leur vie quotidienne ? Quels sont les modes d'intervention mis en place pour leur venir en aide ? Autant de points qui donnent lieu à schématisation et idées reçues que cet ouvrage s'attache à déconstruire.
Résultat d'une étude ambitieuse mêlant recherche et terrain, ce livre donne à voir la réalité du monde de la rue. Car c'est en observant ce qui se cache derrière le mot SDF que l'on pourra ajuster l'action sociale aux transformations contemporaines de la pauvreté.
La « Zone », c'est d'abord une bande de terre large de quelques centaines de mètres qui entoure Paris. Logée entre les fortifications de la ville, édifiées dans les années 1840, et sa banlieue, elle sert aux manoeuvres militaires. Là, s'installe progressivement une population interlope - chiffonniers, mendiants, pauvres de toutes sortes - dans un fatras de roulottes, de tissus et de métaux. À la fin du siècle, chez ceux de l'extérieur, la Zone devient un objet : objet de curiosité, de fantasmes, d'angoisse, de commisération, de littérature et d'images. Bref, l'objet de perceptions hétérogènes les unes aux autres mais unies par une même tendance à regarder de haut cette population, à la dominer avec plus ou moins de bienveillance.
De la Zone, aujourd'hui devenue, par extension, la désignation de toute forme de marginalité, Jérôme Beauchez propose une « archéographie » subtile et sensible, c'est-àdire l'histoire des regards - ceux de la bohème artistique et des photographes, des chansonniers et des journalistes, des élus et des hygiénistes - qui, en la constituant en objet, ont fabriqué une catégorie d'étrangers de l'intérieur, de « sauvages de la civilisation », dont on perçoit encore la prégnance, bien longtemps après la destruction de cet espace. Des zoniers aux zonards et au-delà, ce livre raconte l'histoire des marges.
«Tiens, voilà du boudin...» ; «Vous êtes un aberration de la nature.» Voilà le genre de phrase que Gabrielle, 36 ans, 140 kg pour 1,54m, entend quotidiennement sur son passage. Après vingt ans d'humiliations, elle a envisagé deux possibilités : s'armer d'un revolver ou d'un stylo. Elle a préféré s'en tenir à la seconde option.
Gabrielle reconstruit son parcours au fil d'une double enquête. Elle retrace sans tabou son histoire personnelle. En parallèle, elle dresse un réquisitoire contre l'attitude des institutions - éducation, travail, santé - envers les personnes obèses. Pour enquêter depuis son propre corps, l'auteure débute une procédure de chirurgie bariatrique.
Avec ce livre, Gabrielle Deydier interroge le rapport que notre société entretient au corps des femmes.
Ensemble de constructions hâtivement bâties avec des matériaux de fortune sur un terrain squatté non viabilisé, destiné à une population pauvre exclue de tout, le bidonville est l'une des modalités de l'urbanisation planétaire, née à la fin du XIXe siècle et qui abritera près de 2 milliards d'habitants en 2030.
Le phénomène s'est considérablement amplifié avec l'exode rural et l'extension des mégalopoles en ouvrant l'éventail des situations : certains bidonvilles centenaires se sont branchés sur les réseaux d'eau et d'électricité, des bicoques sont dorénavant en « dur » et disposent d'un jardinet, d'autres encore représentent le degré zéro de l'habitabilité avec quelques planches maladroitement clouées entre elles et surmontées d'un bout de tôle.
Cet ouvrage retrace la géohistoire des bidonvilles, présente les principales théories socio-anthropologiques qui en expliquent la genèse et la pérennité, s'attarde sur leurs représentations tant romanesques que cinématographiques et évalue ce que ces « villes » incomplètes et inconfortables apportent à l'architecture de survie et à l'urbanisation sans urbanisme.
« Une gare, c'est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien ».
« Lorsque j'ai entendu cette déclaration d'Emmanuel Macron, j'ai tout de suite su qu'elle ciblait les gens comme moi. Cette déclaration, la première d'une longue série, marque incontestablement le début des années Macron, les années-mépris. Pendant cinq ans, j'ai voyagé dans cette France de ceux qui ne seraient rien pour raconter les luttes des travailleurs, des pauvres, des immigrés... Pour faire entendre le courage et la dignité de ceux qui se sont opposés à ce pouvoir, dans l'espoir qu'enfin, viennent les jours heureux. » Dans ce récit à la première personne, Taha Bouhafs, journaliste d'une génération engagée, pose son regard sur un pays fracturé par les inégalités sociales et le racisme. Il revient sur son itinéraire singulier au travers duquel il dresse un portrait empathique d'une France oubliée et méprisée. La France de ceux qui ne sont rien.
Le « pognon de dingue » mis dans les minimas sociaux, le travail que l'on trouve dès que l'on « traverse la rue », les « centaines de milliers d'offres d'emploi vacantes »... L'actualité montre que les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté sont toujours aussi répandues à tous les niveaux de la société.
À l'heure où le contrôle des chômeurs se renforce et où l'on veut imposer du bénévolat forcé aux allocataires du RSA, les personnes en précarité sont encore trop souvent convoquées au tribunal de l'opinion publique : « On peut gagner plus en alternant chômage et travail qu'en travaillant à plein-temps », « Il y a des chômeurs qui ne cherchent pas de travail », « On doit avant tout sa réussite à soi-même ».
Ce livre défait la chape de plomb du fatalisme en répondant point par point à plus de 130 préjugés sur la pauvreté. Il montre que l'action pour la transition écologique et l'éradication de la misère sont un même combat.
Fort de ses 80 000 exemplaires diffusés lors des trois premières éditions, ce livre entièrement remis à jour démontre, chiffres, documents offciels et travaux de chercheurs à l'appui, que la stigmatisation des pauvres repose non sur des faits, mais sur des discours qui masquent les véritables causes de la misère. Enrichi de questions inédites, cet antidote à la mise à l'écart des pauvres propose des idées neuves pour construire une société reposant sur l'égale dignité de chacun.
Des visages marqués, des parcours singuliers disant la misère, la dégradation morale, physique, la déshérence : Robert McLiam Wilson raconte la pauvreté, au début des années 1990, dans une Angleterre marquée par l'ultralibéralisme du gouvernement Thatcher. Son récit, illustré par les photographies de Donovan Wylie, abandonne toute distance journalistique au profit d'une empathie émue, pudique et profonde à l'égard des personnes rencontrées. Parfois, le lecteur devine même les ombres d'une autobiographie déguisée et une préfiguration des oeuvres à venir.
Né en 1964 à Belfast, Robert McLiam Wilson a grandi dans un quartier ouvrier catholique de la ville avant de s'expatrier à Londres. Son premier roman, Ripley Bogle, publié en 1988, remporte plusieurs prix littéraires en Grande-Bretagne. Il est considéré comme l'un des romanciers irlandais contemporains les plus importants. Robert McLiam Wilson, membre de la prestigieuse agence Magnum, réalise également des reportages pour la télévision sur la misère sociale des sans-abri. « Lire Les Dépossédés aujourd'hui en France, sous le chant des sirènes réformistes, est une expérience curieuse : on y voit comme dans une boule de cristal ce qui pourrait nous arriver. » Libération « Des figures remarquables hantent ces pages douloureuses. » Télérama
En 2000/2001, Les programmes « Convention d'Education Prioritaire » de Sciences Po, ouvraient, à grand renfort de trompettes médiatiques, l'ère de l'ouverture sociale dans les Grandes écoles françaises. Mais l'ouverture sociale a-t-elle modifié le visage de l'enseignement supérieur sélectif? Pour comprendre les effets de ces dispositifs, il ne suffit pas d'étudier les parcours des quelques étudiants défavorisés qui parviennent à se hisser dans les Grandes écoles. Il faut se pencher sur les changements engendrés dans l'organisation et le fonctionnement de ces établissements et sur leur manière de sélectionner les étudiants. A partir d'une enquête sociologique menée pendant plusieurs années au sein d'établissements du supérieur (Sciences Po, ESSEC, Oxford University), cet ouvrage étudie les pratiques de sélection à l'oeuvre dans les filières d'élites et la manière dont l'ouverture sociale a affecté leur autorité symbolique.
Nombre de travailleurs connaissent une précarité durable, alternant emploi et chômage sur la longue durée. À partir d'une enquête qui compare les cas contrastés des saisonniers agricoles et des artistes intermittents du spectacle, l'ouvrage analyse la « soutenabilité » de l'emploi discontinu. Dans quelle mesure peut-il devenir supportable et acceptable pour les personnes concernées ? Quelles ressources permettent de sécuriser leur situation ? Mais aussi, quelles satisfactions peut-on en retirer malgré tout ? Poser ces questions, c'est s'écarter des raisonnements binaires « choisi »/« subi » pour analyser comment les individus s'adaptent à ce fait social majeur de notre temps, qui veut que tout un pan de la population active soit éloigné des droits et de la sécurité rattachés à l'emploi stable et à temps plein. Il s'agit aussi d'interroger une société qui, tout en produisant de la précarité durable, a paradoxalement tendance à la voir comme une réalité exceptionnelle et temporaire.
Ils vivent dans la rue, sur les trottoirs de France, sous les ponts, loin des lumières des lampadaires. Pour la majorité, ce sont des mineurs, les plus jeunes ont onze ans. Quand on les voit, on ne les regarde pas. Au gré des polémiques, de l'agenda politique et des fake news, les médias s'intéressent rapidement à leur sort : on dit qu'ils se prostituent, qu'ils volent, qu'ils se droguent, qu'ils agressent, ces enfants nourrissent le fantasme d'un pays submergé par l'immigration et la perte de son identité. Mais qui sont-ils ? Pourquoi sont-ils chez nous ? Combien sont-ils ? Des milliers probablement, disséminés dans les grandes villes de France.
La journaliste Nadia Hathroubi-Safsaf a voulu comprendre. Pendant presque un an, elle s'est rendue sur le terrain, notamment dans le quartier de la goutte d'Or à Paris où ces enfants sont le plus visibles. Voici son récit d'une humanité bouleversante
Dans une introduction intitulée « Naissance d'une sociologie de la pauvreté », Serge Paugam et Franz Schultheis montrent l'intérêt de ce texte constituant « le cadre analytique pour penser en termes sociologiques la question de la pauvreté dans les sociétés modernes ». Édité pour la première fois en langue française en 1998, quatre-vingt-dix ans après sa première publication allemande, ce texte a inspiré de nombreux travaux sur la pauvreté, en particulier sur le processus de disqualification sociale mis en évidence par les travaux de Serge Paugam.
L'école française est devenue le bastion des élites françaises. Comment en sommes-nous arrivés là ?
Dans cet ouvrage incisif et renseigné, Jean-Paul Delahaye met au jour une situation masquée par les pseudo-discours républicains.
Si l'école française répond aux attentes de la plupart des élèves, elle ne parvient pas à faire réussir trente pour cent d'entre eux... L'école française est profondément inégalitaire.
Cette situation n'est pas le fait des enseignants, qui pour beaucoup d'entre eux sont au front, quotidiennement, se battant avec les moyens dont ils disposent.
Mais les choix politiques et budgétaires qui sont ceux des élites, quelle que soit leur couleur politique, maintiennent cette situation déplorable qui fait de la France le pays où les origines sociales ont le plus d'impact sur les destins scolaires.
Contrairement aux idées reçues, l'école française fait financer les études des plus riches, des études plus longues, plus coûteuses, par l'argent des pauvres. C'est le ruissellement à l'envers. Le pognon de dingue est d'abord dirigé vers les enfants des classes les plus aisées.
Cet ouvrage dévoile, arguments à l'appui, un scandale d'État.
Dans ce livre riche d'informations et de faits souvent ignorés, Jean-Paul Delahaye, un des meilleurs connaisseurs de l'école française où il a occupé toutes les fonctions sur près d'un demi-siècle, dresse un état des lieux sans complaisance de cette préférence française pour les inégalités.
Mais il trace aussi, de façon plus positive, les contours de ce que pourrait être une école républicaine et fraternelle vraiment fidèle à ses valeurs.
Plongée dans le quotidien disloqué de huit foyers des quartiers pauvres de Milwaukee, Wisconsin, où chaque jour, des dizaines de familles sont expulsés de leurs maisons. Arleen élève ses garçons avec les 20$ qui lui restent, chaque mois, après avoir payé le loyer.
Lamar, infirme, s'occupe des gamins du quartier en plus d'éduquer ses deux fils, et essaie de se sortir de ses dettes. Scott, infirmier radié, toxicomane, vit dans un mobile home. Tous sont tous pris dans l'engrenage de la dette, et leur sort est entre les mains de leurs propriétaires.
Fruit de plusieurs années de terrain, ce livre magistral et captivant montre comment les politiques publiques en matière de logement et d'aide sociale et les règles sauvages du marché de l'immobilier fabriquent et entretiennent la pauvreté.
Rien n'est plus scandaleux : dans un monde de plus en plus riche, trente millions d'êtres humains meurent de faim chaque année. Des centaines de millions d'autres, un peu partout sur la planète, sont gravement mal nourris. Comment est-ce possible ? Pourquoi acceptons-nous une injustice aussi monstrueuse ? Comment peut-on expliquer une telle absurdité ?
Sans dissimuler son indignation, Jean Ziegler répond ici aux questions que lui pose son fils. Ce sont celles que se posent tous les enfants du monde.
Rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation de 2000 à 2008, aujourd'hui vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, Jean Ziegler est professeur émérite de sociologie à l'université de Genève. Il a récemment publié Destruction massive. Géopolitique de la faim (Seuil, 2011 ; « Points Documents », 2014).
Jusqu'où est-il légitime et efficace de catégoriser les sans-abri et les réponses données à leurs difficultés ? Les SDF sont, depuis une trentaine d'années, ciblés par des dispositifs spécialisés. Typique des phénomènes d'hybridation de l'action publique, le système de prise en charge rassemble, autour de l'Etat, les associations, les collectivités locales, les médias, et les sans-abri eux-mêmes. Le développement et l'institutionnalisation des dispositifs d'assistance, tout en retentissant sur l'architecture d'ensemble de la protection sociale, contribuent à faire des SDF de véritables " acteurs sociaux ".
L'analyse conjointe de l'action publique ciblée et de la catégorie à laquelle elle est destinée permet une évaluation critique du " prioritarisme " (la priorité au plus défavorisé), du ciblage et du partenariat dans la mise en oeuvre des politiques publiques. Avant-propos à la présente édition : comment les migrants et le confinement de 2020 posent à nouveaux frais la " question SDF ".
Les politiques de lutte contre la pauvreté sont devenues lutte contre l'exclusion. Derrière ce glissement sémantique, une volonté : prendre en compte non seulement la pauvreté conçue comme une absence ou une faiblesse de revenus, mais aussi l'isolement, le besoin, ou encore la ségrégation.
Cet ouvrage explique ce que signifie raisonner et agir en termes d'exclusion. Il décrit et év alue les politiques publiques de lutte contre l'exclusion mises en place aujourd'hui, en insistant sur les SDF et sur les travailleurs pauvres. Enfin, il invite à des politiques sociales plus rationnelles.
Les classes populaires européennes se caractérisent aussi par la présence en leur sein d'une forte immigration : la part des travailleurs non européens y est d'environ 7 % - jusqu'à 17 % parmi les agents d'entretien - contre 2 % parmi les classes supérieures et moyennes. Cette lecture de l'immigration par les positions sociales éclaire d'un jour différent les discours des gouvernants européens sur les dangers d'une xénophobie venant du « bas » de la société : à la différence des classes supérieures, si promptes à mettre en avant la mobilité transnationale et la tolérance aux autres, les classes populaires sont dans les faits nettement plus métissées et mélangées que tous les autres groupes sociaux. En période de crise, les phénomènes de concurrence sur le marché du travail sont bien plus forts parmi les ouvriers, employés et travailleurs agricoles que pour celles et ceux qui se placent plus haut dans la hiérarchie sociale.
Ces trente dernières années, les contours de l'Europe n'ont cessé de s'élargir, contribuant à y rendre plus visibles les inégalités. Experts et journalistes analysent ces évolutions à l'aide d'indicateurs de performance économique - productivité, taux de chômage - sans jamais s'interroger sur les conditions de travail ou les disparités selon les couches sociales. Dans un contexte où la crise économique et les réponses néolibérales incitent les peuples à se replier sur chaque espace national, il est temps de se demander ce qui rapproche et ce qui distingue les travailleurs européens. À partir de grandes enquêtes statistiques, cet ouvrage prend le parti d'une lecture en termes de classes sociales : contre la vision d'individus éclatés touchés par la crise, l'objectif est de rendre visibles les rapports de domination entre groupes sociaux. Une étape préalable nécessaire pour explorer les conditions de possibilité d'un mouvement social européen.
Tout le monde entend parler du revenu de base, mais peu savent ce que s'est. Plutôt que d'écrire une énième proposition, partielle et partiale, de revenu de base, le choix d'un angle historique et pluraliste pour ce livre permet de brosser l'ensemble du tableau.
Destiné au grand public, c'est un outil indispensable qui donne les clés de compréhension de ce débat de société majeur en identifi ant les enjeux, les problématiques et les courants. Loin de n'être qu'une histoire des doctrines, c'est un ouvrage érudit qui détaille les propositions théoriques, les débats et les expérimentations en les resituant toujours dans leurs contextes. Dans un débat très clivé, ce livre apparaît comme un recours pour objectiver, éclairer et mettre en perspective les arguments en présence.
C'est un livre d'histoire des idées et de philosophie politique pour donner du sens à nos sociétés en crise qui bénéfi cie d'un contexte favorable :
- la campagne présidentielle de 2017 avec le revenu universel d'existence de Benoit Hamon, - les projets d'expérimentation citoyen (monrevenudebase.
Fr) ou politique (les 13 départements), - les projets gouvernementaux en cours de réforme des prestations sociales.
Le revenu de base se situe à la croisée de trois enjeux centraux : le travail, la protection sociale et la citoyenneté.
Ce livre participe du retour de la question sociale et de l'utopie concrète dans le débat public.
Alors même que le monde n'a jamais été aussi riche qu'en ce début du XXIe siècle, la pauvreté est toujours présente, que ce soit dans les pays avancés ou dans les pays en développement.
Si le manque d'argent constitue une dimension importante de la pauvreté, le dénuement dans lequel vivent les pauvres résulte aussi d'autres facteurs. C'est pourquoi cerner les contours de la pauvreté est une tâche complexe dont ce livre tente rendre compte.
Depuis sa publication, ce livre, vendu à plusieurs cen- taines de milliers d'exemplaires, est devenu selon certains commentateurs la « bible d'un nouveau mouvement social », dirigé contre l'incarcération en masse des Noirs et des La- tinos aux États-Unis.
Prenant le contre-pied de ceux qui voyaient en l'élec- tion d'Obama le début d'une ère postraciale, Michelle Alexander expose dans ce livre la façon dont la « guerre contre la drogue » lancée au tournant des années 1970-1980 a inauguré l'instauration d'un nouveau régime de domina- tion raciale.
Revenant sur la fin de l'esclavage et la naissance des prisons et du système de ségrégation légal connu sous le nom de « Jim Crow », Michelle Alexander étudie toutes les mues de la domination raciale aux États-Unis.
Suite au mouvement des droits civiques qui est venu menacer « Jim Crow » et la suprématie blanche, c'est l'in- carcération en masse des communautés noires et latinos qui va être le modèle choisi pour maintenir la domination raciale.
Étudiant les effets destructeurs du fonctionnement du système judiciaire et carcéral qui sont responsables de l'enfermement d'un nombre toujours croissant de non- Blancs, Michelle Alexander n'oublie pas les résistances que ce nouvel apartheid carcéral suscite.