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La Republique Des Lettres
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«Entre tous les exploits des hardis conquistadores, celui qui fit la plus forte impression sur moi fut le voyage de Ferdinand Magellan, qui partit de Séville avec cinq pauvres cotres pour faire le tour de la terre - la plus magnifique odyssée, peut-être, de l'histoire de l'humanité que ce voyage de deux cent soixante-cinq hommes décidés dont dix-huit seulement revinrent sur un des bâtiments en ruines, mais avec la flamme de la victoire flottant au sommet du grand mât. [...] En faisant le récit de cette odyssée de la façon la plus fidèle possible d'après les documents qu'il m'a été donné de rassembler, j'ai eu constamment le sentiment de raconter une histoire que j'aurais inventée, d'exprimer l'un des plus grands rêves de l'humanité. Car il n'y a rien de supérieur à une vérité qui semble invraisemblable. Dans les grands faits de l'histoire, il y a toujours, parce qu'ils s'élèvent tellement au-dessus de la commune mesure, quelque chose d'incompréhensible; mais ce n'est que grâce aux exploits incroyables qu'elle accomplit que l'humanité retrouve sa foi en soi.» - Stefan Zweig
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Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
Jean-Jacques Rousseau
- La Republique Des Lettres
- 2 Mai 2024
- 9782824912844
Publié en 1755, le "Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes" est le second essai philosophique de Jean-Jacques Rousseau. Dans ce texte célèbre, sur lequel repose toute une partie de la littérature politique moderne, le philosophe établit les fondements de sa doctrine sur l'homme et la société en affirmant que tous les maux et les misères, causes de l'inégalité parmi les hommes, découlent uniquement de l'état social. Les contemporains de Rousseau virent dans cet ouvrage un réquisitoire implacable contre les institutions sociales et politiques de leur temps. Il contient en germe les éléments de la thèse que Rousseau soutiendra plus tard dans le "Contrat Social".
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Introduction à la Psychanalyse
Sigmund Freud
- La Republique Des Lettres
- 1 Décembre 2022
- 9782824914909
Durant les hivers 1915-16 et 1916-17, Freud donne une série de conférences à la faculté de médecine de Vienne. Indice de la popularité croissante de la psychanalyse à l'époque, ces conférences, publiées en volume et bientôt traduites dans une quinzaine de langues, connaîtront un grand retentissement dans le monde entier. Un siècle plus tard, le succès de ce livre-source de la psychanalyse et du freudisme, ne se dément toujours pas. "L'Introduction à la psychanalyse" comprend trois groupes de leçons: les quatre premières - qui reprennent en partie la matière de "Psychopathologie de la vie quotidienne" - concernent les actes manqués. Dans le chapitre introductif, Freud y fait alterner avec brio le sérieux et l'humour, la rigueur et la dérision, afin de présenter sa nouvelle science à un public qu'il considère mal informé, voire en partie hostile. Il s'attarde notamment sur la distinction entre médecine et psychanalyse: "Le traitement psychanalytique ne comporte qu'un échange de paroles entre l'analysé et le médecin", assène-t-il. Il aborde ensuite les deux grandes difficultés qui attendent les analysants: l'essentiel des processus psychiques sont inconscients et la sexualité y joue un rôle majeur avec ses divers phénomènes de pulsions, de résistances, de refoulements et de sublimations. Les onze leçons suivantes - synthèse récapitulative de l'ouvrage pionnier "L'Interprétation du rêve" - sont consacrées au rêve et à la connaissance nécessaire de son imposant corpus de symboles lorsque la technique de l'association libre n'opère pas. Enfin les treize dernières sont regroupées sous le titre de "Théorie générale des névroses" et marquent une étape importante dans le développement théorique freudien qui sera poursuivi par la suite à travers les études sur la libido, l'inhibition, l'angoise ou encore le narcissisme. Le dernier chapitre est consacré à la thérapeutique analytique, soulignant tant les préjugés auquels elle doit faire face que les abus auquels elle peut donner lieu, du fait notamment de la manipulation du transfert.
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"Le Gai Savoir" - ou la «gaya scienza» en référence à la poésie des troubadours, synthèse de chant, de chevalerie et de liberté d'esprit - est un livre d'aphorismes dans lequel «la profondeur et malice se tiennent tendrement par la main» selon Nietzsche lui-même. L'amour de la vie y est ici compris comme une coïncidence de soi avec le destin ("ego fatum"), comme un "amor fati" interdisant même «d'accuser les accusateurs». Tout y relève de cette tonalité sentimentale que Nietzsche attribuait à Épicure, le philosophe qui trouva le bonheur bien qu'il souffrit toute sa vie. Comme dans "Ainsi parlait Zarathoustra", la pensée centrale de «L'Éternel Retour» y est présentée par une voix démoniaque: «Cette araignée aussi reviendra, ce clair de lune entre les arbres, et cet instant, et moi aussi !» "Le Gai Savoir" est l'un des meilleurs livres de Nietzsche.
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Discours de la servitude volontaire
Etienne de La Boétie
- La Republique Des Lettres
- 9 Janvier 2023
- 9782824914770
Oeuvre pleine des résonances des discours de l'Antiquité classique, le "Discours de la servitude volontaire" fait écho aux luttes politico-religieuses intestines du milieu du 16e siècle mais c'est avant tout une prise de position contre les tyrans et la tyrannie sous toutes ses formes. Inspiré par la passion antique pour la liberté, la thèse principale d'Étienne de La Boétie est de montrer que tout pouvoir a un caractère arbitraire et que la servitude des peuples est due d'abord à leur propre ignorance et à leur manque de volonté de retrouver la liberté naturelle à l'homme. Selon lui si le peuple se contentait ne serait-ce que d'un refus passif du pouvoir, celui-ci tomberait, mais en réalité une grande partie préfère les petites faveurs et privilèges octroyés par le pouvoir plutôt que son droit à la liberté. Le "Discours de la servitude volontaire" a constitué et constitue encore un texte de référence pour de nombreux mouvements de contestation politique et de désobéissance civile. Il resurgit contre les pouvoirs en place à chaque époque troublée: au 16e siècle par l'opposition calviniste à la monarchie catholique puis par l'opposition catholique à Henri IV, en 1789 par la contestation révolutionnaire de Marat d'abord puis du cercle de Babeuf, sous la Restauration, à la fin du 18e, au 19e par Lamennais qui le réédite contre la monarchie de Juillet, au début du 20e par l'anarchiste Gustav Landauer, pendant la Seconde Guerre mondiale sous le titre d'"Anti-Dictator", récemment encore, pendant l'épidémie de Covid-19, contre la tyrannie des autorités sanitaires. Cette édition contient la version originale du texte en ancien français et une version transcrite en français contemporain, ainsi qu'un Mémoire sur l'Édit de janvier 1562, une lettre de Montaigne et une biographie d'Étienne de La Boétie.
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En 1934, après avoir achevé la rédaction de "Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale", Simone Weil, à l'époque professeur agrégée de philosophie et militante syndicale et politique (plus anarchiste que marxiste), décide de prendre un congé de l'éducation pour «études personnelles». Dans le cadre de sa réflexion, elle porte en effet son attention sur les conditions de vie, de travail et de développement des ouvriers et souhaite faire l'expérience directe de l'usine. Elle s'engage d'abord comme manoeuvre à l'usine Alsthom, puis devient fraiseuse chez Renault. C'est de cette expérience vécue de deux années (1934-1935) qu'elle rend compte dans "La Condition ouvrière". L'ouvrage est composé de son «Journal d'usine», où elle consigne au jour le jour ses observations, son travail, ses rencontres, ses horaires, ses gains, ses souffrances morales et physiques, et d'un riche ensemble de textes et de lettres où elle dégage la philosophie et la morale de cette expérience. "La Condition ouvrière" est un document brut, sans lyrisme ni sentimentalité, où s'affirme la soif d'attention au présent et la position éthique fondamentale de Simone Weil, celle d'être toujours du côté des opprimés.
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Alain est d'abord un professeur, dont la popularité ainsi que l'influence sur la philosophie et sur l'enseignement de la philosophie en France, ne sont guère comparables au XXe siècle qu'à celles de Henri Bergson, ou autrefois à celles de Jules Michelet ou d'Edgar Quinet. Mais il dédaigne les éclats des maîtres romantiques, et il ne possède, pour s'imposer comme un Bergson, ni l'aisance mondaine ni même une doctrine originale. Un robuste rationalisme, un kantisme étrangement promené à travers d'infatigables observations de choses et de gens, et corrigé par ses observations, voilà toute la philosophie d'Alain. Mais Alain est-il un philosophe ? Bien plutôt un éveilleur d'esprits. Il n'a pas de système à proposer, mais seulement la constante et infiniment diverse leçon de défiance à l'égard des opinions communes et des idées toutes faites.
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L'"Éthique à Nicomaque", composé de dix livres, est l'un des principaux ouvrages exposant la philosophie morale d'Aristote, laquelle demeure en substance la plus significative expression de la morale grecque. Nicomaque, fils d'Aristote, lui donne son nom en tant que premier éditeur des manuscrits. Critiquant la conception platonicienne des Idées, qui préconise le «bien en soi», Aristote traite ici de ce qui doit selon lui guider l'homme dans toutes ses actions, à savoir le bonheur, sens ultime de la vie humaine. Le bonheur, dit-il, est l'exercice de cette activité propre à l'homme qu'est l'usage du «logos» (la raison, l'intelligence), mais sans toutefois exclure la jouissance des plaisirs sensibles. Sur cette base, il développe une théorie des vertus humaines qu'il divise en vertus dianoétiques, relevant de la partie intellectuelle de l'âme, et vertus éthiques, relevant plus du caractère et des sentiments. La vertu aristotélicienne, caractérisée par un juste milieu entre les passions et facultés opposées de l'âme, concilie ainsi tout à la fois des exigences spiritualistes et eudémonistes. Le livre III est consacré à définir ce qu'il y a de volontaire et d'involontaire dans l'action de l'homme, rejetant la thèse selon laquelle «personne n'est volontairement mauvais» et concluant que la vertu comme le vice résident en notre seul pouvoir. Le livre VII traite de l'intempérance et du plaisir, les livres VIII et IX de l'amitié et de l'amour, désignés sous le même nom. Le livre X reprend enfin le problème du rapport entre le plaisir et la vertu, et conclut que le plaisir procède d'une perfection de l'acte, survenant «comme la beauté pour qui est dans la fleur de l'âge». L'"Éthique à Nicomaque" est une continuelle oscillation entre l'eudémonisme humaniste et l'intellectualisme éthique.
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Comme Socrate, Épictète n'écrivit rien. Ce fut son disciple Flavius Arrien qui, ayant suivi sous Trajan les leçons d'Épictète à Nicopolis, rédigea les notes qu'il avait prises en écoutant son maître. De là sortirent les "Entretiens" d'Épictète en huit livres, dont il ne nous reste plus que quatre. De tous ces entretiens, Arrien lui-même en tira ce qui lui parut essentiel, pour le condenser en un petit livre qu'on pût toujours et avoir sous la main et porter avec soi: le "Manuel d'Épictète". Simplicius, qui enseignait à Athènes lorsque les écoles de philosophie païenne furent fermées, en 529, par Justinien, composa un commentaire très développé de ce Manuel. Ce petit livre, dit-il, «est une arme de combat qu'il faut toujours avoir à sa portée, et dont il faut que ceux qui veulent bien vivre soient toujours prêts à se servir». Admiré par les païens, ce Manuel le fut non moins par les chrétiens. Saint Nil, disciple de saint Jean Chrysostome, puis anachorète, l'adapta, avec d'insignifiantes modifications, à l'usage de la vie des ermites du mont Sinaï, et la règle de saint Benoît elle-même en fit passer plus d'un précepte dans le monachisme occidental. Traduit plusieurs fois en français dès le XVIe siècle, le "Manuel d'Épictète" eut la singulière fortune de faire l'impression la plus vive sur le génie de Blaise Pascal. C'est, en effet, un des livres les plus réconfortants que la pensée grecque nous ait laissés.
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La vie de Paul Lafargue se confond avec la naissance du Socialisme en France et les luttes de la SFIO (Section Française de l'Internationale Ouvrière) dont il est, au même titre que Jules Guesde ou Jean Jaurès, l'une des grandes figures. Après avoir épousé la deuxième fille de Karl Marx, Laura, il achève ses études de médecine et se lance à corps perdu dans le combat politique: organisation de l'Internationale Ouvrière en France et en Espagne, lutte contre les partisans de Mikhaïl Bakounine, tentative pour soutenir en province la Commune de Paris (1871). Il écrit de nombreux articles, publie des brochures de circonstance et traduit les ouvrages de Karl Marx et de Friedrich Engels. C'est en 1880, dans le journal "L'Égalité", qu'il publie en plusieurs livraisons son célèbre "Droit à la paresse". Ce pamphlet anti-capitaliste est une réponse à un ouvrage de Louis Blanc sur le "Droit au travail" de 1848. Pour Paul Lafargue, le droit au travail n'est en réalité qu'un droit à la misère. Violente désacralisation du travail et de la consommation, éloquent éloge du loisir et de l'oisiveté, ce manifeste de haute philosophie sociale détonne par son ton libertaire dans la sévère et rigide littérature socialiste de l'époque.
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Les Grands cimetières sous la lune
Georges Bernanos
- La Republique Des Lettres
- Bernanos
- 1 Mars 2024
- 9782824913179
Publié en 1938 pour dénoncer la répression franquiste de la Guerre d'Espagne, ce pamphlet est aussi un livre charnière dans l'oeuvre de Bernanos. Alors que dans "La Grande peur des bien-pensants" l'écrivain alors farouchement nationaliste et antisémite défendait ses amis politiques (Edouard Drumont, Charles Maurras, Henri Massis,...), il instaure ici le procès «spirituel» de ce courant d'idées et dénonce la collusion entre catholiques et franquistes, s'en prenant non seulement au général Franco mais aussi à tous les «bien-pensants» de l'Église, de Paul Claudel à la Cour de Rome en passant par les prêtres républicains français et les prêtres phalangistes espagnols. Pour Bernanos, il y a derrière la Guerre d'Espagne une imposture religieuse majeure, une rupture entre l'Église de Dieu et les pauvres, une perte de l'idéal chrétien remplacé par la haine sociale et la tyrannie politique qui signe in fine la mort de la chrétienté. D'apostrophes polémiques passionnées en attaques d'une violence verbale inouïe, "Les Grands cimetières sous la lune", présenté par l'auteur comme «le témoignage d'un homme libre», brûle d'amour et de justice.
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Les rêveries du promeneur solitaire
Jean-Jacques Rousseau
- La Republique Des Lettres
- 9 Juin 2023
- 9782824914091
Après les "Confessions" et "Rousseau juge de Jean-Jacques", le philosophe rédige entre 1776 et 1778 ces "Rêveries d'un promeneur solitaire" avant de finir ses jours chez René-Louis de Girardin au château d'Ermenonville. Ébauchées au jour le jour sur des cartes à jouer avant d'être composées et structurées en dix «promenades» - la dernière restant inachevée -, elles ne furent publiées de façon posthume qu'en 1782, à Genève, par trois amis de l'auteur. Les dix «Rêveries» sont autant d'introspections après un épisode intensément paranoïaque et solitaire de la vie de J.-J. Rousseau. Autobiographiques, elles relatent les principaux moments de son existence sur terre, entre autres son séjour heureux au lac de Bienne, ses travaux botaniques, ses rencontres marquantes, l'abandon de ses enfants, tout en méditant sur des questions philosophiques fondamentales: l'être, la souffrance, la mort, l'amour, le bonheur, la nature, la morale, la religion, la société, la misanthropie,... Pressentant sa mort prochaine, l'auteur du "Contrat social" et de la "Nouvelle Héloïse" y médite sur la vie en se promenant, en herborisant et en contemplant la nature, ne trouvant que dans la rêverie sa seule consolation efficace. Véritable chant intérieur, "Les Rêveries du promeneur solitaire" ont influencé de nombreux grands penseurs et écrivains, de Goethe à Chateaubriand en passant par Victor Hugo, George Sand, Lamartine et tous les poètes romantiques. De toutes les oeuvres de Jean-Jacques Rousseau, c'est sans doute celle qui reste aujourd'hui la plus proche de nous.
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«Chaque jour nous constatons encore que, dans le jeu ambigu et souvent criminel de la politique, auquel les peuples confient toujours avec crédulité leurs enfants et leur avenir, ce ne sont pas des hommes aux idées larges et morales, aux convictions inébranlables qui l'emportent, mais ces joueurs professionnels que nous appelons diplomates, - ces artistes aux mains prestes, aux mots vides et aux nerfs glacés. Si donc, réellement, comme le disait déjà Napoléon, la politique est devenue « la fatalité moderne », nous voudrions essayer, pour nous défendre, de découvrir les hommes qu'on trouve derrière cette puissance et ainsi le redoutable secret de leur pouvoir. Je présente donc l'histoire de Joseph Fouché comme une utile et très actuelle contribution à la psychologie de l'homme politique.» - Stefan Zweig
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Militante révolutionnaire libertaire, féministe et franc-maçonne, Louise Michel (1830-1905) est l'une des figures majeures du mouvement anarchiste français. De son enfance dans un château en Haute-Marne à la Commune de Paris, de sa vocation d'enseignante à sa déportation dans les geôles de Nouvelle-Calédonie, de sa lutte infatigable pour la défense des opprimés à l'agitprop du drapeau noir de l'Anarchie, de sa correspondance avec Victor Hugo aux minutes des procès iniques que la République bourgeoise lui intente, celle que les journaux de l'époque surnomment "la Vierge Rouge" évoque ici, dans un style profondément vivant, ses convictions politiques et les souvenirs de sa vie. Document incontournable de l'histoire politique et sociale du XIXe siècle français, ces admirables Mémoires de Louise Michel sont encore et toujours d'actualité.
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Le rire a une fonction sociale selon Henri Bergson. L'auteur de "L'Énergie spirituelle" fonde sa théorie sur une analyse très fine des différentes catégories du comique: comique des formes, des mouvements, des situations et des mots, des caractères enfin. Un chapitre entier est consacré à ce dernier comique, avec des exemples empruntés surtout au théâtre, qui est le lieu où le comique apparaît à la fois comme une forme de l'art et comme une fonction de la société. Contrairement au drame, qui pénètre en nous par l'analyse de ce que nous sommes en chacun de nous, la comédie extrait de l'humain des types généraux qui nous font rire par leur spectacle et nous rappelle à la règle commune de la vie dans la société. "Le Rire, Essai sur la signification du comique" est l'un des meilleurs livres de Bergson. Son intérêt est à la fois esthétique et philosophique. Son idée du flux de la vie réelle, qui échappe à la connaissance conceptuelle, annonce déjà son futur essai sur "L'Évolution créatrice".
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«Tout esprit créateur est inévitablement amené à entrer en lutte avec son démon, et c'est toujours un combat passionné, héroïque, le plus magnifique de tous les combats. Souvent cette lutte grandiose et mystérieuse dure toute une vie. Elle prend sa forme visible dans l'oeuvre de l'artiste, où vibre le souffle ardent des noces de l'esprit et de son éternel séducteur. C'est chez le créateur qui lui a succombé que le démon réussit à se dégager de l'ombre, devient verbe et lumière; c'est chez lui que s'affirment le plus nettement ses traits passionnés. [...] Nietzsche est de cette race prométhéenne qui force les cadres, brise les barrières de la vie et se détruit elle-même dans la passion et l'excès. [...] Il parle même encore en lui lorsque ces lèvres sont muettes, quand son cerveau est éteint, quand son corps est mourant; jamais l'hôte effroyable qui l'habite n'est plus visible qu'au moment où son âme se déchire, écartelée par l'excès de souffrance, et que la vue y plonge par la déchirure jusque dans les profondeurs les plus intimes.» - Stefan Zweig.
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Le héros du récit, Hermann, a entendu une anecdote racontée par un de ses amis: une vieille comtesse, Natalia Pétrovna Golitsina, réussit à gagner à coup sûr au jeu grâce à une combinaison secrète de trois cartes. Hermann, qui n'a encore jamais joué aux cartes mais est fasciné par le jeu, est bientôt envahi par l'obsession d'arracher le secret de la vieille dame. Il séduit Lisavéta Ivanovna, dame de compagnie de la comtesse, pour pénètrer de nuit dans sa maison et l'effraie à tel point qu'il cause sa mort, sans toutefois lui avoir arraché le secret dont elle nie l'existence. Après les funérailles, le spectre de la vieille dame apparaît au jeune homme et lui indique les trois cartes gagnantes. Hermann gagne d'abord avec les deux premières, mais il perd avec la troisième. Croyant avoir un as, il n'a que la dame de pique. Le jeune homme devient fou sous l'effet de son cauchemar. «Chef-d'oeuvre de l'art fantastique» selon Dostoïevski, et sans doute nouvelle la plus célèbre de la littérature russe, "La Dame de pique" est l'une des créations les plus originales de Pouchkine. Artistiquement parfait, écrit comme l'on abat des cartes, le récit est surtout une analyse, très aiguë et très brève, de l'obsession du jeune homme, une objectivation de son hallucination. Inspirée par des faits et personnages réels, mêlant fantastique et romantisme, l'auteur y réalise la fusion d'éléments réalistes avec d'autres de pure imagination où l'influence de E.T.A Hoffmann est évidente. «La dame de pique signifie une malveillance cachée» met en garde l'exergue du livre.
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Note sur la suppression generale des partis politiques
Simone Weil
- La Republique Des Lettres
- Weil
- 1 Octobre 2024
- 9782824912516
Écrite en 1940, publiée à titre posthume en 1950, cette brève "Note sur la suppression générale des partis politiques" offre une analyse politique pénétrante de Simone Weil sur les partis politiques. Pour l'auteure de "La Condition ouvrière", les partis politiques sont d'abord des machines à fabriquer des passions collectives, ce qui ne répond pas au besoin de démocratie qui doit dépendre avant tout de la volonté humaine. Leur véritable objectif, mortifère pour le bien commun sous couvert d'une illusion démocratique, est de générer sans limite leur propre croissance en aliénant la raison de leurs membres. «La tendance des partis est totalitaire, non seulement relativement à une nation, mais relativement au globe terrestre», affirme-t-elle. Elle suggère la mise en place d'un autre système d'organisation, fondé sur des revues et des groupes d'écriture, sans candidats à présenter aux élections. Les mérites de ce point de vue radical ont été défendus entre autres par André Breton pour qui ce pamphlet relève d'une nécessaire «entreprise de désabusement collectif». Le texte est suivi d'une biographie de Simone Weil.
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Publié à l'aube de l'ère chrétienne, "L'Art d'aimer" d'Ovide est un traité de séduction qui chante la vie de plaisir. Dans les deux premières parties de l'ouvrage, l'auteur révèle à son élève lecteur qui souhaite plaire tout ce qu'il faut savoir pour chercher et entretenir les bonnes fortunes amoureuses et sexuelles. Puis, ayant jusque-là tout considéré du seul point de vue masculin, il s'adresse dans la troisième partie aux femmes pour leur enseigner à leur tour l'art de conquérir des amants et de varier les stratégies de séduction selon leur âge, leur caractère et le degré de leur passion. Mais il serait toutefois injuste de ne voir dans "L'Art d'aimer" qu'un simple manuel de libertinage. C'est aussi un tableau éclairé des moeurs romaines sous Auguste - qui veut alors restaurer la morale romaine et réagir contre l'adultère - et, avant tout, sous son apparence frivole, une profonde méditation sur le coeur humain. Le succès du livre ne se démentira pas au cours des siècles et fera d'Ovide un des maîtres de la pensée et de la sensibilité occidentales.
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Souvent comparé aux réflexions de Jules Michelet sur la nation, ou opposés à celles de Fichte pour ce qui est de la perception allemande sur le même sujet, "Qu'est-ce qu'une nation?" est resté le texte le plus célèbre d'Ernest Renan. Toujours actuel, ce chef d'oeuvre de rhétorique et de science politique a été prononcé lors d'une conférence donnée en Sorbonne en mars 1882. Il apparaît aujourd'hui comme le testament politique de ce maître à penser de la IIIe République. « J'en ai pesé chaque mot avec le plus grand soin», écrira-t-il plus tard: "c'est ma profession de foi en ce qui touche les choses humaines, et, quand la civilisation moderne aura sombré par suite de l'équivoque funeste de ces mots: nation, nationalité, race, je désire qu'on se souvienne de ces pages-là.» S'interrogeant sur les fondements de l'identité nationale, l'auteur de la "Vie de Jésus" constate d'abord dans l'histoire des peuples l'existence d'un droit national à côté du droit dynastique. Développant son propos, il affirme ensuite que ni la race, ni la langue, ni la religion, ni la communauté d'intérêts, ni la géographie ne peuvent définir une communauté nationale. Pour Ernest Renan, «Une nation est une âme, un principe spirituel, [...], une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore. [Son] existence est un plébiscite de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de vie. »
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Publié en 1521, après "Le Prince" qu'il complète, "L'Art de la guerre" traite de science militaire, qui est étudiée ici en détail tant dans ses aspects politiques (réflexion sur le pouvoir, l'armée comme base du problème politique) que techniques (tactiques, armes, etc). Machiavel précise ses idées sur l'absolue nécessité pour un Etat de disposer d'une armée de citoyens. Il oppose à la figure du soldat citoyen, seul vraiment capable de défendre la patrie, celle du soldat mercenaire, et accuse les princes italiens d'avoir ruiné le pays en employant ces milices pour mener leurs guerres. Sur le plan technique, ses considérations sont ce qu'elles peuvent être concernant une armée du XVIe siècle. Certes dépassées aujourd'hui, elles témoignent cependant de la culture militaire de l'auteur et des idées de son temps qui se réfèrent toujours aux systèmes et méthodes des légions romaines. Pour sa démonstration, Machiavel adopte la forme littéraire d'un dialogue cicéronien se tenant dans les jardins de son ami Cosimo Rucellai, où les jeunes Florentins ont l'habitude de se réunir pour discuter politique. Ses amis - Zanobi Buondelmonti, Battista della Palla et Luigi Alamanni - qui fréquentent ces réunions apparaissent comme interlocuteurs dans le livre mais le personnage principal est toutefois Fabrizio Colonna, fameux condottiere de l'époque, auquel Machiavel attribue ses propres réflexions.
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Les Règles de la méthode sociologique
Emile Durkheim
- La Republique Des Lettres
- 2 Novembre 2023
- 9782824913773
Cet enseignement épistémologique du père fondateur de la sociologie est souvent résumé par la formule selon laquelle «il faut considérer les faits sociaux comme des choses». Le projet est à la fois institutionnel et intellectuel. Pour Durkheim, la sociologie ne peut exister comme discipline universitaire autonome que si on accepte de considérer qu'une réalité extérieure aux individus peut faire l'objet d'un discours scientifique. Cette caractérisation du fait social par son extériorité est donc épistémologique et non pas ontologique. Pour étudier les faits sociaux, il est selon lui tout d'abord nécessaire de les définir, afin d'abandonner les «prénotions» du langage courant, qui expriment un rapport idéologique au social: cette étape du travail du sociologue correspond à la délimitation de son objet. Il faut ensuite adopter une approche empirique à l'égard du phénomène délimité, et ordonner les données recueillies en construisant des types sociaux qui vont permettre la comparaison: «On n'explique qu'en comparant», écrit-il. Ces typologies permettent ensuite de rendre compte des variations observées et donc de proposer une théorie explicative du phénomène. Il est enfin indispensable de se livrer à l'«administration de la preuve», en vérifiant la validité de l'explication adoptée par de nouvelles observations. Pour un sociologue comme Pierre Bourdieu, cette exigence de scientificité et la reconnaissance de la spécificité du social aura constitué une rupture d'une audace exceptionnelle dans l'histoire des sciences.
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En janvier 1898, Émile Zola, alors en pleine gloire littéraire, décide de s'engager totalement pour la défense d'Alfred Dreyfus, militaire juif injustement condamné pour trahison. Il publie dans L'Aurore une lettre ouverte adressée au président de la République Félix Faure. C'est son fameux pamphlet "J'Accuse...!", puissant texte de combat dans laquelle il dénonce le complot de l'état-major militaire. Il est inculpé et condamné à un an d'emprisonnement. Il quitte la France pour l'Angleterre, d'où il ne revient qu'un an plus tard, abreuvé d'injures, calomnié, radié de l'ordre de la Légion d'honneur. Il meurt en 1902, sans avoir vu triompher la vérité et le capitaine Dreyfus finalement innocenté. Mais l'écrivain a su avec son "J'Accuse...!" accomplir un acte dont la valeur morale et sociale a été déterminante, et devenir un modèle pour tous les intellectuels épris de justice et de vérité. Le texte est suivi d'une biographie d'Émile Zola et d'un entretien avec Madeleine Rebérioux sur l'Affaire Dreyfus.
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"Les Chiens de garde" est un pamphlet impitoyable contre la caste des philosophes académiques de la Troisième République. Sa cible principale est la philosophie abstraite et formelle, qui se dresse comme un paravent devant les jeunes gens, refusant d'ouvrir les yeux sur le monde et prenant pour alibi une quête fallacieuse de la vérité. Paul Nizan dénonce avec vigueur la collusion des élites intellectuelles avec le pouvoir politico-économique en place, ainsi que l'ensemble de valeurs que ces "chiens de garde" défendent dans leurs oeuvres en vue de garder au pouvoir la classe dominante dont ils sont des membres privilégiés, soutenus par l'appareil institutionnel et idéologique lié à l'Etat (Université, Presse, Police, etc). L'auteur d'"Aden Arabie" leur dénie la prétention à oeuvrer au service de l'humanité et leur rappelle que leurs pensées et raisonnements, si élevés soit-ils, ne sont que des produits de leur classe et de leur époque. Brillant, acerbe, lucide et passionné, "Les Chiens de garde" constitue un témoignage irremplaçable sur la vie intellectuelle, sociale et politique du XXe siècle, et son appel vibrant à l'insurrection contre l'ordre établi n'a rien perdu de sa fraîcheur.