Ca Et La
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Simon, un jeune anglais de 14 ans un peu rondouillard, est constamment l'objet de moqueries de la part des jeunes de son quartier, et il est recruté pour toutes sortes de corvées. Un jour où il fait les courses pour une diseuse de bonne aventure, celle-ci lui révèle quels vont être les gagnants de la prestigieuse course de chevaux du Royal Ascot. Simon mise alors secrètement toutes les économies de son père sur un seul cheval, et gagne plus de 16 millions de livres. Mais quand il revient chez lui, Simon trouve sa mère dans le coma et la police lui annonce que son père a disparu. Étant mineur, Simon ne peut pas encaisser son ticket de pari. Pour ce faire, et pour découvrir ce qui est arrivé à sa mère, il doit absolument retrouver son père. Au terme d'une aventure riche en péripéties et en surprises, Simon, l'éternel perdant, deviendra un gamin très débrouillard.
La couleur des choses de l'auteur suisse Martin Panchaud bouscule les habitudes des lecteurs et lectrices de bandes dessinées ; le livre est intégralement dessiné en vue plongeante sans perspective et tous les personnages sont représentés sous forme de cercles de couleurs. La couleur des choses oscille entre comédie et polar avec une technique graphique surprenante, mêlant architecture, infographies et pictogrammes à foison, qui font de ce roman très graphique un livre étonnant et captivant. -
Walicho :
En langue mapuche, être ou chose qui personnifie tous les maux et les malheurs
En créole et en espagnol, diable, Satan, force du mal.
En argentin, maléfice ou sortilège réalisé par la magie noire ou apparentée.
Traversant près de trois siècles d'histoire de l'Argentine, entre 1740 et aujourd'hui, Walicho est une grande fresque mêlant horreur, comédie, animisme, pouvoirs féminins et sorcellerie. Walicho est composé de neuf histoires dont le fil rouge est la présence de trois soeurs dotées de pouvoirs magiques, de la période coloniale - pendant laquelle elles sont sages-femmes et pratiquent en secret des avortements - jusqu'à aujourd'hui. L'histoire de ce mystérieux trio se dévoile au fil de ces récits où l'on voit les trois sorcières avoir directement ou indirectement un impact important sur la vie de nombreuses personnes. Chaque histoire a une ambiance propre, mais on retrouve des thématiques récurrentes: lutte contre les violences sexuelles au sein de l'église, empowerment des femmes dans les relations de couple ou encore lutte contre le patriarcat.
Après avoir remporté le Prix du public au Festival d'Angoulême en 2023 pour Naphtaline, Sole Otero confirme brillamment avec Walicho qu'elle est une autrice importante de la scène latino-américaine. -
Seo Kyung-wu, un jeune prof de maths, est nommé dans un collège de province. Il vit mal cette mutation, d'autant plus que sa fiancée reste à Séoul. Au moment de signer le bail de son nouvel appartement, Kyung-wu rencontre la femme du propriétaire, Hana, qui vit dans l'immeuble où il va emménager. Il se rendent alors compte qu'ils étaient au lycée ensemble et sont rapidement attirés l'un par l'autre. Le mari d'Hana, prof dans le même collège que Kyung-wu, est un homme jaloux et colérique qui maltraite sa femme, jusqu'au jour où elle le quitte. Obstiné, il la retrouve et la ramène chez eux. Cette nuit-là, Kyung-wu entend du bruit, monte dans l'appartement du couple et le trouve vide, avec des traces de sang au sol. Le mari est retrouvé dans sa voiture, blessé à la tête et dans le coma. Hana est arrêtée, jugée, puis condamnée pour tentative de meurtre. A sa sortie de prison, elle recroise le chemin de Kyung-wu et, de fil en aiguille, une relation amoureuse se noue entre eux, alors que le jeune homme vient de se marier...
Le dernier roman graphique des auteurs de Changement de Saison et Jin & Jin est un nouveau drame psychologique, aux teintes de polar, dans la Corée d'aujourd'hui. Le dessin élégant de Jeong Yi-yong se pare d'une palette de couleurs douces et nuancées à l'image des émotions qui traversent les protagonistes de ce beau récit dramatique. -
Márcia est infirmière dans un hôpital à proximité de Rio et vit dans une favela avec son petit ami Aluisio et sa fille, Jaqueline, qu'elle a eue très jeune avec un autre homme. Jaqueline, jeune adulte frivole et grande gueule, mène la vie dure à sa mère et Aluisio et fréquente assidûment les membres de l'un des gangs du quartier, ce qui est la source de violentes altercations entre la mère et la fille.
Le petit ami de Jaqueline en vient même à menacer Márcia à l'occasion d'un séjour à l'hôpital... La situation dégénère encore plus le jour où Jaqueline se fait arrêter par la police pour complicité de vols et recel de marchandises volées. Márcia et Aluisio, affolés, se rendent alors compte que Jaqueline est impliquée dans des affaires avec des criminels de haut vol et un groupe de policiers ripoux.
Marcia demande alors à Aluisio de surveiller Jaqueline, mais celui-ci risque gros... Ecoute, jolie Márcia est un nouveau roman graphique trépidant, aux couleurs flamboyantes, par l'un des auteurs les plus importants de la scène brésilienne contemporaine. Marcello Quintanilha réalise un nouveau tour de force avec ce récit très construit où les relations entre chacun des protagonistes se dévoilent au fur et à mesure dans un suspense mené de main de maître.
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Derf Backderf a passé son enfance à Richfield, petite ville de l'Ohio située non loin de Cleveland. En 1972, il entre au collège où il fait la connaissance de Jeffrey Dahmer, un enfant solitaire au comportement un peu étrange. Les deux ados se lient d'amitié et font leur scolarité ensemble jusqu'à la fin du lycée. Jeffrey Dahmer deviendra par la suite l'un des pires serial killers de l'histoire des États-Unis. Son premier crime a lieu à l'été 1978 tout juste deux mois après la fin de la Terminale. Il est suivi d'une série de seize meurtres commis entre 1987 et 1991. Arrêté en 1991, puis condamné à 957 ans de prison, Dahmer finit assassiné dans sa cellule en 1994. Mon Ami Dahmer est l'his-toire de la jeunesse de ce tueur, à travers les yeux de l'un de ses camarades de classe. Précis et très documenté, le récit de Derf Backderf (journaliste de formation) décrit la personnalité décalée de Dahmer. Personnage fascinant, voire attachant car presque victime de son environnement, Dahmer vit une implacable descente aux enfers vers une folie irréversible, minutieusement mise en scène par Derf Backderf.
Mon Ami Dahmer a été sélectionné pour un Eisner Award, et a été adapté pour le théâtre par le NYU Theater Department. La bande dessinée est suivie de 20 pages d'annexes journalistiques.
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Lynda Barry est l'une des grandes autrices américaines contemporaines, depuis près d'un demi-siècle. Les éditions çà et là ont publié en 2014 ses strips Mes cents démons !, mais la série Ernie Pook's Comeek, son oeuvre majeure, publiée entre 1979 et 2008, restait inédite en français. Come over Come over est le premier recueil consacré à cette série. Il contient des strips initialement publiés entre 1988 et 1990 et centrés sur les personnages de Maybonne et de sa petite soeur Marlys. Maybonne, 14 ans, raconte ses angoisses, ses joies et ses insécurités, à travers des pages de son journal intime, des extraits de devoirs de classe ou encore des lettres à ses proches. La petite soeur de Maybonne, Marlys, est à la fois prodigieusement agaçante et adorable, et ne manque jamais une occasion de lire en cachette le journal intime de sa grande soeur.
Dans cette magistrale série sur l'enfance, Lynda Barry dépeint habilement la nature capricieuse des amitiés adolescentes et l'ambiance à la « tuer ou être tuée » de la scène sociale du collège de son héroïne. Lynda Barry décrit dans son style inimitable la grandiose magie et l'atroce douleur de l'adolescence.
Eisner Award de la bande dessinée patrimoniale 2023 -
Le 28 juillet 1995, trois jeunes de 15 à 17 ans ont trouvé la mort et une centaine d'autres ont été blessé.e.s suite à un mouvement de foule lors du festival d'Arad, le grand festival de musique qui a lieu chaque année dans cette ville de l'est d'Israël. Gilad Seliktar, qui avait alors 18 ans, a vécu ces événements. Dans Premier Baiser, dernier souffle, il se remémore cette journée, son arrivée en bus à la gare centrale avec ses amis Ariel et Efi peu de temps avant qu'ils ne soient incorporés dans l'armée, ses déambulation sur les pelouses de la ville, dans les cours des maisons remplies d'adolescents, sa rencontre avec un groupe de jeunes de Haïfa et le moment où il fait la connaissance de Natalie. Mais l'optimisme inhérent à cette rencontre, à la musique, à la passion, est brusquement interrompu par la violence.
L'histoire du désastre d'Arad accompagne Gilad Seliktar depuis près de trente ans. L'auteur de Ferme 54 (Sélection Officielle Angoulême) et de Tsav 8 présente aujourd'hui son témoignage dans son oeuvre la plus intime, dans un superbe dessin épuré, et donne forme au souvenir réfoulé qui a marqué sa vie. -
Février 2021, en pleine pandémie mondiale. Shaghayegh, iranienne vivant à Montréal depuis cinq ans, se voit brusquement sommée d'évacuer l'appartement qu'elle partage avec son ami Ben et d'aller loger à l'hôtel, le temps que soient résolus de supposés problèmes de sécurité dans son immeuble. Celui-ci, situé avenue Ridgewood, a été revendu à une société qui souhaite le rénover et le louer plus cher, et use de méthodes agressives pour pousser ses locataires à partir. La plupart s'y refusent et décident de faire front. Pour Shagha, qui ne maîtrise pas le français, les procédures judiciaires qui s'ensuivent, compliquées par les mesures de distanciation sociale, sont éprouvantes. Elle qui avait peu à peu reconstruit sa vie après avoir fui un pays liberticide se trouve à nouveau dans une situation de grande instabilité, qui réveille des angoisses et des souvenirs douloureux. Quelques éléments de réconfort : le dessin, Ben et son amitié solide, l'atmosphère chaleureuse de l'épicerie iranienne où elle travaille, le soutien de travailleurs sociaux et de certains voisins - dont une voisine qui lui apprend qu'en français, Shaghayegh se traduit « coquelicot ». Par un récit navigant entre passé et présent, Shaghayegh Moazzami raconte les épreuves et les petites victoires qui ont fait d'elle la femme qu'elle est aujourd'hui.
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Nous sommes en 2001 et l'Argentine est plongée dans une grave crise politique et économique. Rocío, une jeune fille de dix-neuf ans, emménage dans l'ancienne maison de sa grand-mère Vilma, peu de temps après les funérailles de cette dernière. Dans cet environnement marqué par l'absence, Rocio se remémore la vie de Vilma, une histoire teintée de tragédie qui commence dans les années 1920 en Italie. Les parents de Vilma fuient le pays peu après sa naissance, au moment de l'accession au pouvoir de Mussolini. Arrivés en Argentine sans le sou, ils ne peuvent financer les études de Vilma. Celle-ci doit alors quitter l'école, puis est mariée de force à un voisin après être tombée enceinte et avoir été abandonnée par l'homme avec lequel elle pensait faire sa vie. L'histoire de Vilma dans cette société patriarcale sera une longue suite de désenchantements et de sacrifices, qui la rendront progressivement acariâtre. Vilma terminera sa vie seule, ayant coupé les ponts avec la plupart des membres de sa famille, à l'exception de Rocio. La jeune fille, qui se pose énormément de questions sur son avenir, va tenter de tirer des leçons de cette tragédie familiale.
Ambitieux, ample, fourmillant de nombreuses trouvailles narratives et graphiques, Naphtaline est en partie inspiré de l'histoire de la famille de Sole Otero. La narration sur plusieurs époques, l'inventivité du découpage et de la mise en scène, les jeux sur les couleurs, font de ce roman graphique une jolie découverte et de Sole Otero une autrice promise à un bel avenir.
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Rose Arensberg fait partie d'une équipe de femmes travaillant comme soudeuses sur le chantier naval de Brooklyn pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle entretient une relation amoureuse avec un vétéran, en attendant le retour de son mari, Sam, engagé sur le front en Europe. Rose doit faire face à un quotidien difficile, tout en s'occupant d'Eleanor, sa petite fille impressionnable, et aussi de Ruth, une réfugiée juive allemande qu'elle héberge. Ruth va tenter d'exorciser le trauma de son enfance dans l'Allemagne nazie d'avant-guerre en devenant lutteuse professionnelle, avec des conséquences dévastatrices. Quant à Sam, les horreurs découvertes à la libération d'un camp de concentration le poursuivront jusqu'à son retour à Brooklyn sous la forme de flashbacks terrifiants qui le marqueront à jamais.
Victory Parade brosse un portrait profondément émouvant de ces femmes résilientes inspirées de la fameuse "Rosie la riveteuse", et dépeint la façon dont les individus subirent les traumatismes de la guerre. Magnifiquement dessiné et parsemé d'hommages à Otto Dix, Victory Parade est un voyage expressionniste à travers les champs de bataille du coeur humain et les charniers de la Shoah. -
Drame dans les montagnes du Kurdistan iranien.
Le Kurdistan iranien se situe au Nord-Ouest du pays, le long de la frontière avec l'Irak. C'est une région montagneuse très pauvre et connue pour être un haut lieu du trafic de cigarettes, d'alcool ou de vêtements. Les villageois y sont exploités par des bandes mafieuses pour faire de la contrebande entre les deux pays, à travers les montagnes. Ils empruntent des chemins mortellement dangereux, passant par les sommets de plus de 4 000 mètres des monts Zagros, en portant des marchandises. Ces contrebandiers sont appelés des « kolbars », et chaque année, plusieurs dizaines d'entre eux trouvent la mort, victimes des gardes-frontière iraniens, des mines antipersonnel, d'avalanches ou des rigoureux hivers de cette région.
Dans Les oiseaux de papier, Jalal, dit l'Ingénieur, est recruté pour participer à l'une de ces expéditions en compagnie d'hommes de son village. Une petite troupe est constituée et entreprend le dangereux périple. Un drame se noue alors entre les membres de l'expédition qui meurent un à un.
Cette première fiction de Mana Neyestani est un drame humain saisissant, plein de suspense, qui raconte aussi une histoire de crime d'honneur et le terrible quotidien des habitants de ces régions obligés de prendre des risques insensés pour assurer leur pitance. -
50 ans après les événements tragiques de la manifestation de Kent State, Backderf livre un récit historique magistral et poignant.
Après l'autobiographie (Mon Ami Dahmer) et l'autofiction (Trashed), l'auteur américain Derf Backderf réalise un magistral documentaire historique sur les années 1970 et la contestation contre la guerre du Vietnam. Kent State relate les événements qui ont mené à la manifestation du 4 mai 1970 et à sa violente répression sur le campus de cette université de l'Ohio. Quatre manifestants, âgés de 19 à 20 ans, furent tués par la Garde nationale au cours de cette journée. Cet événement marqua considérablement les esprits et provoqua des manifestations gigantesques dans tout le pays avec plus de quatre millions de personnes dans les rues, marquant un retournement de l'opinion publique sur l'engagement américain au Vietnam.
Derf Backderf, avait 10 ans à l'époque des faits. Il a vu des troupes traverser sa ville en 1970, et il a été profondément marqué par la répression sanglante de la manifestation du 4 mai. Dans Kent State, il brosse le portrait des étudiants qui seront tués au cours de la manifestation ainsi que celui d'un membre de la Garde nationale. Sa description détaillée de la journée du 4 mai 1970, montre comment l'incompétence des responsables locaux a débouché sur une véritable boucherie.
Derf Backderf a consacré trois ans à la réalisation de Kent State, il a réalisé un véritable travail journalistique et interviewé une dizaine de personnes ayant participé à la manifestation. Kent State est un récit extrêmement prenant, poignant, une leçon d'histoire et une démonstration implacable de l'absurdité de l'utilisation de la force armée pour contrôler des manifestations.
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À 21 ans, J.B. se retrouve à son grand désarroi de nouveau coincé chez ses parents, dans un patelin du fin fond de l'Ohio. Il vient d'arrêter la fac et doit absolument trouver un boulot pour ne plus avoir sa mère sur le dos en permanence. Suite à une annonce providentielle parue dans le magazine municipal, J.B. se retrouve engagé sur le champ comme éboueur contrac-tuel. Il sera bientôt rejoint par un ancien pote de lycée, Mike. À eux deux, ils vont découvrir les joies de ce métier, se confronter aux habitants les plus dérangés de la ville, aux éboueurs titulaires de longue date, aux chiens errants et aux sacs poubelle mal fermés. Pendant une longue année, ils devront faire leur tournée quotidienne sous la pluie, la neige ou sous un soleil de plomb, persécu-tés en permanence par leur chef, l'infâme Will E.
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Dans La Mère ombre, l'auteur suisse allemand Stefan Haller raconte l'histoire de sa mère, qui souffrait de troubles psychiques, en se basant sur les journaux intime de celle-ci, retranscrits mot pour mot et mis en images dans un puissant roman graphique. Stefan Haller décrit de manière précise et sans fard comment se manifestaient les troubles de sa mère, leurs répercussions sur l'ensemble de la famille, et les conflits que toutes les personnes concernées cachaient afin de protéger leur entourage.
A travers La Mère ombre, l'auteur mène une véritable enquête familiale, interrogeant ses frères et soeurs, ses oncles et tantes, remontant à l'histoire de ses grands-parents, pour rompre le silence qui régnait au sein de sa famille et tenter de démêler sa propre histoire de celle de sa mère. -
Situé au début des années 80, dans la banlieue d'Akron, une ville de la Rust Belt frappée par la crise économique, Punk Rock et mobile-homes est une comédie déjantée dans le milieu de la musique punk, et une version trash des teenage movies de John Hughes. Le personnage principal, Otto Pizcok, est en terminale et vit dans le parc de mobile-homes appartenant à son grand-oncle. Gros balèze féru du Seigneur des Anneaux à la personnalité un peu borderline, il est à la fois admiré et incompris de ses camarades de classe. Grand fan de musique punk, il fréquente assidûment la principale salle de concerts punk d'Akron. Grâce à son impressionnant aplomb, il parvient à se débarrasser de son image de nerd pour devenir le guide/roadie de sommités du Punk telles que Joe Strummer ou les Ramones...
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La conquête de la Terre par les chats
Alberto Montt
- Editions çà et là
- 18 Novembre 2022
- 9782369903123
Dans cette bande dessinée documentaire extrêmement fouillée, le célèbre félinologue Alberto Montt nous fait découvrir un pan caché de l'histoire de l'humanité et révèle comment les chats sont apparus sur Terre pour en prendre progressivement le contrôle après avoir asservi l'espèce humaine. Grâce à des recherches approfondies, à l'accès à des documents rares et confidentiels, mais aussi à de nombreuses enquêtes sur le terrain, Alberto Montt retrace dans le détail la formidable histoire des maîtres du monde. Il explique comment les chats, créés à l'image de Dieu, se sont longuement concertés pour déterminer les meilleurs moyens de prendre le contrôle de la Terre sans se mettre à dos la population humaine, et même mieux, en faisant en sorte que cette conquête se fasse avec leur assentiment.
Notez que ce court précis historique est le compagnon indispensable du précédent ouvrage de cet auteur ; J'adore mon chat (mais il s'en fout complètement). -
Certaines personnes seraient des êtres de lumière ? La chromothérapie permettrait de guérir les troubles psychiques ou physiques ? Certaines pierres auraient des vertus magiques ? Alberto Montt en doute fortement, comme il doute de la pertinence de nombreuses pratiques qui fleurissent un peu partout dans les sociétés occidentales. Sous la promesse de guérison et de succès, le commerce de la spiritualité, du développement personnel, de l'ésotérisme, de la pensée positive et des thérapies holistiques en tout genre rapporte plus de dix-huit milliards de dollars par an, rien qu'en Amérique latine et en Europe.
Mais le discours selon lequel tout est possible si l'on y met du sien implique que chaque individu est responsable de ses problèmes. Si vous ne réussissez pas, c'est de votre faute. Si vous n'êtes pas heureux, c'est votre karma... Charmant programme ! A travers une série de vignettes à l'humour tranchant, Alberto Montt tourne en dérision le petit monde des marchands d'espoir et de rêve. -
Situé dans le sud de la Turquie, le site de Göbekli Tepe (« la colline ventrue ») est considéré comme le premier temple de l'Histoire. Érigé environ 9 000 ans avant notre ère, il regroupe des structures monumentales, édifiées par l'homme au début de la sédentarisation. Firat Yasa s'est basé sur les connaissances que nous avons de ce site pour imaginer une aventure teintée de fantastique au coeur de cette société en transition, qui abandonne progressivement le nomadisme pour un nouveau mode de vie, précurseur de ce que nous appelons aujourd'hui la "civilisation".
Râht, le personnage principal, n'est pas fait pour le nouveau mode de vie qui se met en place, il a la capacité de parler avec les animaux et il préfère leur compagnie à celle des humains. Depuis la mort de sa mère, il vit en paria, errant loin des hommes, en compagnie d'un renard. Leur rencontre avec une gazelle fuyant les chasseurs de la tribu de Göbekli Tepe, qui veulent l'offrir en sacrifice à leur dieu, marque le début d'une amitié.
Tepe est un conte beau et violent, sur l'humanité d'il y a des milliers d'années, mais c'est aussi une critique subtile des sociétés modernes, une réflexion sur la religion et sur notre relation avec la nature. -
A l'été 1984, deux jeunes punks autrichiennes de dix-sept ans, Ulli et Edi décident sur un coup de tête de partir passer quelques semaines en Italie, sans papiers d'identité, avec pour seul bagage leurs sacs de couchage et les vêtements qu'elles ont sur le dos. Leur voyage durera deux mois, et les mènera de Vienne à Vérone, en passant par Rome et Naples pour terminer en Sicile...
Trop n'est pas assez est le récit autobiographique de cette aventure, à travers les quelques bonnes rencontres et les très nombreuses galères de Ulli et Edi. Après un départ presque bucolique à travers les Alpes, leur parcours se transforme progressivement en cauchemar : les deux femmes sont confrontées à une constante violence sexuelle, des macs italiens jusqu'aux mafiosi siciliens. Elles continueront leur voyage jusqu'au bout, envers et contre tout.
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Au milieu du XIXe siècle, la population noire de São Paulo avait ses propres espaces, avec des églises, des quartiers et autres lieux de vie. Bien que le pouvoir était entièrement entre les mains des Blancs (dont beaucoup n'étaient pas si blancs), des milliers de Noirs - esclaves ou libres - exerçaient différents métiers : porteurs, blanchisseurs, marchands de fruits et légumes, etc. Parmi ces personnes, il y avait Tiodora Dias da Cunha, née en Afrique, séparée du reste de sa famille et vendue comme esclave à un chanoine de São Paulo. Par le biais de lettres à son mari et à son fils, Tiodora cherchait par tous les moyens à réunir l'argent nécessaire pour obtenir son affranchissement. Ces courriers ont été archivés suite à une enquête policière à laquelle elle se trouva mêlée. Mukanda Tiodora s'inspire de cette histoire.
La nouvelle bande dessinée de Marcelo D'Salete, auteur de Angola Janga et Cumbe (Eisner Award 2018) est une histoire passionnante, basée sur des faits réels, dans une édition riche en documents historiques, comprenant des textes de l'historienne Cristina Wissenbach, une chronologie de la lutte abolitionniste à São Paulo et, pour la première fois, une reproduction intégrale des lettres de Tiodora. -
Marc et Astrid viennent de se séparer et Astrid peine à retrouver le cours normal de sa vie ; elle espère par moment que leur histoire n'est pas terminée et elle n'a pas encore annoncé la nouvelle à tous ses proches. Mais Marc ne répond plus à ses textos et à ses messages téléphoniques. Désemparée, la jeune femme tente de continuer à vivre, prépare un concours de danse classique, et au fil des semaines, devient de plus en plus en colère contre son ex-compagnon, qui n'est toujours pas venu récupérer ses affaires chez elle.
De son côté, suite à une soirée arrosée, Marc se reveille dans une maison inconnue, chez une femme mystérieuse, Barbara, qui vient de se faire voler une pierre précieuse par son frère et qui demande à Marc de l'aider à poursuivre les voleurs pour retrouver l'objet dérobé. Marc se retrouve alors entraîné dans un monde fantastique peuplé de personnages à têtes d'animaux, de châteaux labyrinthiques et de pièges en tout genre, sans bien comprendre ce qui lui arrive.
Norbu est un double récit cryptique, parsemé de symboles. Une double histoire, celle d'Astrid, ancrée dans le monde réel, et celle de Marc, qui semble évoluer dans une autre réalité. Le dénouement, ou l'explication, se trouve au centre du livre. -
Esther et Rita se rencontrent dans un atelier de dessin. La première, jeune artiste, anime un cours de dessin de nu pour adultes. Rita, plus âgée, mère divorcée, est modèle pour arrondir ses fins de mois. Aussi différentes soient-elles, les deux femmes sont néanmoins liées en tant que dessinatrice et modèle. Une relation qui tourne autour de la vulnérabilité et de la physicalité, autour du fait de regarder et d'être regardée. En dehors de ces moments, chacune mène sa propre vie. Toutes deux luttent contre leur propre passé, leurs propres insécurités. Esther ne trouve pas l'amour, Rita a une relation difficile avec sa fille... Les deux femmes attendent quelque chose et, en attendant, elles se débrouillent comme elles peuvent.
Peau est une histoire de corps et de mise à nu. Une histoire sur le vieillissement, la maternité, l'idéal de beauté, la soif de perfection et l'impact du temps. Sur les cicatrices, la honte, la fierté, la sexualité, l'intimité. Et sur la vie.
Premier roman graphique belge - et flamand - publié aux éditions çà et là, Peau est un beau roman graphique aux illustrations et couleurs douces et délicates, et un superbe portrait de femmes liées par une amitié d'abord ténue, qui devient progressivement essentielle. -
Rouge, jaune, cyan : ce sont les couleurs de peau qui déterminent les trois classes sociales d'une société étrangement semblable à la nôtre. Les jaunes sont les plus aisés et les rouges, la classe moyenne. Les bleus sont les plus pauvres, discriminés et repoussés à Bonifacio, le quartier défavorisé de la mégalopole de Bourne. Alors que les questions liées aux couleurs de peau et à la mixité prennent de l'ampleur, la vie de cinq amis est perturbée par un événement qui les précipite dans le passé. Des empreintes découvertes sur les lieux d'une tragédie qui, 20 ans plus tôt, avait grandement affaibli la communauté bleue, relient le petit groupe à un ami décédé. Risquant de souffrir des répercussions de la réouverture d'une enquête, ils sont contraints de replonger dans leur adolescence. Hantés par le souvenir de ce jeune adulte qui avait eu le malheur de crier trop fort sa rage, ils se retrouvent confrontés aux différents partis politiques de Bourne, à des secrets profondément enfouis et à des règlements de comptes tardifs. Porté par un trait vif et par une histoire habilement construite, Cyan explore avec finesse les thématiques de l'égalité sous toutes ses formes, de la discrimination et de la liberté.
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Le retour du plus connus des dessinateurs de Cleveland (après Joe Shuster), dans une anthologie de ses histoires courtes ! Derf Backderf a réalisé des strips hebdomadaires pendant près d'un quart de siècle, entre 1990 et 2014. D'abord diffusés dans les journaux gratuits de la ville de Cleveland, ces strips atteindront par la suite jusqu'à 140 journaux du pays. Voici 200 de ces histoires rassemblées pour la première fois en un unique volume. Dans True Stories, on croise des illuminés en tous genre, pris sur le vif dans la rue ou dans des magasins, des scène du quotidien qui font mouche. True Stories, c'est l'Amérique profonde, dérangée, saturée de malbouffe, foutraque. On retrouve avec bonheur la patte de cet auteur dont le dessin, en construction au début des années 1990, évolue au fil des histoires et cette faculté à déceler les situations baroques et à croquer des personnages marquants, alliée à un art consommé de la chute.
« Oui, tout ce qui est dans ce livre est réellement arrivé. J'ai été personnellement témoin de la plupart de mes True Stories. Les autres m'ont été rapportées par des amis en lesquels j'ai confiance. Devoir réaliser un strip chaque semaine ne me manque pas vraiment. Ce qui me manque, c'est de me balader dans les rues de la ville à la recherche de gens bizarres. Ça a toujours été ce qui me plaisait le plus dans ce boulot » Derf Backderf.