Erythrée entre splendeur et isolement

Souvent décrite comme « la Corée du Nord de l'Afrique », l'Érythrée est l'un des États les plus fermés du monde, à la dernière place des classements sur la liberté de la presse. Après 30 ans de lutte pour l'indépendance et une guerre en 1998-2000 ayant fait 70 000 morts, le conflit avec l'Éthiopie est toujours latent. Le service militaire souvent à durée indéfinie trouve ainsi une justification pratique et, si on ajoute encore l'absence de perspectives économiques et de libertés politiques, on comprend comment le rêve d'indépendance concrétisé en 1993 s'est transformé en cauchemar : le pays est une prison à ciel ouvert que les jeunes rêvent de fuir.
Pour autant, cet État paria, caricaturé quand il n'est pas oublié, n'a pas tous les torts et c'est aussi un pays superbe, de la mer jusqu'au ciel, avec plus de deux mille kilomètres de côtes et une capitale perchée à 2300 m, doté d'un patrimoine architectural unique, marqué par la colonisation italienne (1890-1941). Là-bas le temps semble s'être arrêté : certains sycomores millénaires nous ramèneraient presque au temps de l'Empire axoumite il y a 2000 ans, tandis que de vieux Erythréens évoquent toujours l'âge d'or des années 1930... Les plus jeunes oscillent entre résignation et espoir.
Lire la suite Fermer